Dignité Féminine

     Mi-avril 2004, nous avons rencontré Honorine Attikpa, directrice exécutive de Dignité Féminine et présidente du GPIFED, un réseau d'associations qui organise des plaidoyers pour la participation des femmes dans les structures de décision. Elle a choisi de nous présenter plus particulièrement les activités de Dignité Féminine et nous a parlé de cette association tout en supervisant une réunion de ses animateurs. Pour la directrice exécutive, « la femme doit travailler pour se faire respecter » et garder sa dignité.

Naissance de l'association et évolutions

     L'association est née au départ pour venir en aide aux jeunes filles rurales se retrouvant en ville sans source de revenus. Ces filles finissaient souvent dans la rue pour n'avoir pu payer les frais réclamés par leurs patronnes, censées leur apprendre la couture. L'idée d'Honorine Attikpa était de les aider à subvenir à leurs besoins en les organisant. Elle a ainsi constitué une coopérative de jeunes filles qui se sont procurées un local et du matériel et ont commencé des travaux de couture, échangeant leurs connaissances et unissant leurs efforts. Son mari lui a alors conseillé d'organiser ce groupement en ONG et c'est ainsi qu'en 1994, Dignité Féminine est née.
Mais petit à petit, des intellectuels ont rejoint les rangs de l'ONG et les jeunes filles du départ se sont senties dépassées. En outre, nombre d'entre elles se sont mariées et ont donc cessé leurs activités de couturières. Certaines d'entre elles sont devenues animatrices au sein de l'ONG et l'activité de couture a pris fin.
Aujourd'hui, l'association est essentiellement subventionnée par les ambassades américaines et allemandes. Elle fonctionne grâce aux cotisations de ses 22 membres qui versent une contribution de 2 000 F CFA par mois.

Organiser les femmes et les sensibiliser

     Dans les communes où elle est présente, Dignité Féminine encadre en moyenne 35 groupements qui réunissent entre 15 et 45 femmes. L'ONG intervient auprès de 300 groupements au total, soit auprès de plus de 2 500 femmes Elle leur propose des sessions de renforcement de leurs capacités organisationnelles et de gestion. Elle les aide à rédiger leurs statuts, à se déclarer en tant que groupement auprès des autorités locales et à mieux gérer leurs activités économiques. Des sensibilisations sur les droits et devoirs des femmes, sur les mariages forcés et sur la planification familiale sont également organisées.
En outre, des visites d'échange entre groupements de différentes localités ont permis aux femmes de découvrir de nouvelles techniques de production et donc d'améliorer la rentabilité de leurs activités économiques.
Toutes ces formations et sensibilisations sont effectuées soit par l'une des six animatrices de l'association, soit par des « pairs éducateurs » , personnes formées par Dignité Féminine et qui servent de relais local à l'ONG.
L'association utilise également des supports médiatiques pour faire passer les informations. Ainsi, elle publie plus ou moins régulièrement le journal Espace Femmes Plus et diffuse des émissions radiophoniques. Un site de l'association est actuellement en construction.

Un projet pour venir en aide aux jeunes filles

     Dignité Féminine souhaiterait pouvoir aider les jeunes filles déshéritées à se former. Pour cela, elle cherche à les placer chez des patronnes préalablement sensibilisées sur les besoins et les droits de ces jeunes filles. Mais pour que ce projet porte ses fruits, il faut que l'association puisse non seulement payer la formation pour les filles mais aussi les aider à subvenir à leurs besoins. En effet, une fois en apprentissage, les jeunes filles ne peuvent plus mener leurs activités économiques que le week-end et n'ont donc plus de revenus suffisants.

Une synergie nécessaire entre les associations de promotion féminine

     Honorine Attikpa considère que la multiplication des associations de promotion féminine a permis aux femmes de prendre conscience de leurs droits, mais elle déplore le fait que ces associations fonctionnent souvent de façon concurrente au lieu d'unir leurs efforts pour une plus grande efficacité.

     La directrice exécutive nous explique également que pour réussir à toucher les femmes, il est souvent nécessaire de leur offrir quelque chose. Elles ont en effet été habituées à recevoir de l'argent des hommes politiques venant en tournée et attendent désormais une rétribution à chaque intervention d'une association. Alors, avant de commencer tout travail avec un groupement de femmes, les animatrices de Dignité Féminine commencent par leur dire qu'elles ne leur promettent rien, qu'elles vont essayer de les aider mais sans aucune obligation de résultat.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.