APAP - Association pour la Promotion des Arts Plastiques

  • 01 BP 4411
    Ouagadougou 01
    Burkina Faso
  • (226) 50 39 96 17
    (226) 70 23 16 85
  • naanego@yahoo.fr
  • Dernière rencontre : Mai 2008

L'ancien Centre Naanego

      En 2007, l'artiste peintre Suzanne Ouédraogo nous avait très chaleureusement accueillies dans le centre Naanego d'arts plastiques géré par l'association qu'elle dirige, l'APAP (Association pour la Promotion des Arts Plastiques). Elle nous avait parlé de son parcours d'artiste autodidacte et des origines du centre. Elle-même artiste reconnue au niveau national et international, décorée de l'Ordre du Mérite du Ministère de la Culture burkinabé, elle a décidé de mettre son talent au profit de la formation d'enfants âgés de 7 à 15 ans.

     Ainsi, elle a d'abord commencé par donner des cours chez elle aux enfants du quartier, puis, devant le succès de ses cours, elle a décidé de créer l'APAP en 2000, et d'ouvrir un centre dédié à l'apprentissage des arts plastiques, sans pour autant abandonner sa propre activité de création. Le centre a pu voir le jour en 2004 grâce à des financements de l'UNICEF et du PSIC (Programme de Soutien aux Initiatives Culturelles) désormais disparu.

Objectifs et réalisations

      L'association poursuit trois objectifs principaux :

  • Mettre à disposition des jeunes un cadre propice à la creation
  • Créer un centre d'accueil et d'hébergement pour jeunes talents avec tout le matériel nécessaire à leur disposition
  • Organiser des rencontres internationales tous les deux ans
  • Contribuer au développement de l'art au Burkina Faso

Mme Suzanne Ouedraogo

Un cadre propice à la création

     Face au succès des cours pour les enfants, Mme Ouedraogo a mis en place une formation professionnelle d'une durée de trois ans reconnue par l'Etat. La première promotion, composée de 7 jeunes de 18 à 30 ans, a fini les cours en juin. En effet, les métiers de l'art ne sont souvent pas reconnus comme tels, et pâtissent d'une mauvaise image. Cette formation professionnelle est donc un moyen de faire reconnaître la profession à sa juste valeur. Le centre compte désormais 3 salariés, artistes et formateurs en peinture, sculpture et dessin, ainsi qu'une vingtaine de membres.
En outre, le centre bénéficie également de fonds pour aider les élèves qui ne peuvent pas payer, et peut dans certains cas fournir des kits scolaires et prendre en charge les frais de scolarité au centre. Le centre Naanego est donc unique en son genre, dans un pays où l'art n'est pas une profession, et où les artistes sont généralement des autodidactes.

Les RIPO : Rencontres Internationales de Peinture de Ouagadougou

     Outre les activités de formation du centre Naanego, l'APAP a mis en place les Rencontres Internationales de Peinture de Ouagadougou, dont la première édition a eu lieu en novembre 2006. Ce festival a rassemblé des artistes venus de quatorze pays et a été l'occasion d'expositions et de débats autour des arts plastiques, ainsi que d'une formation de deux semaines au bénéfice d'artistes émergents et confirmés. Mme Ouedraogo est particulièrement fière de cette réalisation, étant donné les problèmes de financement auxquels doit faire face le centre Naanego.

Un nouveau « Centre d'accueil et de residence artistique »

Une future chambre et atelier

     En 2008, c'est sur un chantier que nous avons rencontré Mme Ouedraogo. En effet, elle nous a expliqué qu'elle a preferé arrêter toutes activites pour l'année 2008 et fermer l'ancien centre afin de se consacrer à la construction d'une nouvelle infrastructure et de nouveaux locaux plus grands : le centre Naanego deviendra ainsi une galerie “vivante” puisqu'y seront hébergés une douzaines d'artistes qui seront présents à tout moment pour parler de leur travail et en montrer l'élaboration. Cette construction est possible grâce à de nouveaux partenariats directs et fiables avec le Centre Culturel. Les artistes auront donc droit à des bourses, à des versements directs et à une restauration sur place. Il y aura également deux formateurs en dessin, peinture et sculpture qui siègeront au centre. La sélection sera donc difficile. Elle sera faite sur un dossier complet très travaillé : le centre sera un cadre idyllique pour un artiste, en contact avec d'autres créateurs et avec la possibilité de travailler tout le temps sur ses oeuvres.

     Cependant, Mme Ouedraogo souligne les difficultés de financements auxquelles elle doit régulierement faire face. Il lui reste encore à payer une partie importante du terrain pour le nouveau centre mais elle ne se décourage pas, confiante que ce lieu sera vecteur de succès et de réussite pour la promotion culturelle burkinabé.

     L'APAP compte par ailleurs poursuivre ses activités avec les enfants pendant les vacances mais la création de ce centre demande bien plus d'attention ; il s'agit d'un investissement à la fois social, culturel et artistique.

De la difficulté d'être une femme artiste au Burkina

     Enceinte de 8 mois lorsque nous l'avons rencontrée en 2007, et déjà mère d'une petite fille, Mme Ouedraogo nous a parlé de la difficulté, mais également de la richesse, de cumuler trois rôles : artiste renommée, gérante d'un centre de formation professionnelle, et mère de famille. Arriver à ce niveau de notoriété est rare pour une femme artiste burkinabé, puisqu'elle a dû s'imposer dans un milieu d'hommes. Ses créations abordent tous les sujets, et peuvent être engagées sur des thèmes comme l'excision ou le génocide rwandais.

Projets à long terme

     Mme Ouedraogo nous a parlé de son projet de partenariats avec des centres similaires à l'étranger, ce qui permettrait aux élèves de faire des échanges internationaux. Elle a insisté sur l'importance de la mobilité des oeuvres d'arts et des artistes pour faire accéder le plus grand nombre à la culture, et favoriser les interpénétrations culturelles. Elle-même voyage beaucoup au gré des expositions auxquelles elle participe. Un partenariat avec une galerie d'art en Bretagne en France est en outre en train d'être mis en place.

     Le centre Naanego reste encore peu connu, malgré la renommée de sa fondatrice, et les financements restent encore trop rares. Les projets et les idées de Mme Ouedraogo restent contraints par les moyens dont dispose le centre. Un objectif de l'APAP est donc de trouver des partenaires financiers stables à long terme.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.