Les membres du bureau de l'association
« Savoir, se soutenir, et agir »
Lors de notre rencontre en mars 2004 puis en août 2007, Colette Koala , la présidente de l'association, et ses collaborateurs, Roseline Ouedraogo et Jacques Soubeiga, nous ont expliqué le fonctionnement de l'association Espoir et Vie. En 2008, lors de notre venue à Bobo Dioulasso, Roseline Ouedraogo, secrétaire générale, nous a donné des nouvelles des projets.
Espoir et Vie créée en 1997 a pour objectif d'améliorer les conditions de vie des personnes séropositives. Entre 2004 et 2008, Espoir et Vie a connu une croissance exponentielle de ses adhérents bénéficiaires. avec le VIH SIDA.
Ainsi, 445 femmes, 142 hommes séropositifs et 454 orphelins de parents décédés du sida (dont 24 sont atteints de cette maladie) participent aux activités de l'association, qui compte également plus de 1500 bénéficiaires ponctuels. L'association a maintenant son siège et un centre médical au sein du Centre de dépistage (bd Charles de Gaulle). Espoir et Vie observe en 2008 une augmentation importante de ses adhérents (787 personnes), et de la fréquentation de ses permanences au centre médical.
Pour mener ses activités, l'association s'appuie en partie sur des bénévoles ponctuels.
Un groupe de parole se réunit autour de thèmes choisis par les bénéficiaires. Cette activité a lieu mensuellement, dans la cour que l'association partage avec la Direction Régionale des Sports et Loisirs.
Pour les jeunes, des activités d'éveil et de lecture sont animées par un éducateur social. Pour les adolescents, une causerie éducative est organisée sur les thèmes de la santé et de la reproduction, le plus souvent pendant les vacances. Les membres du groupe de parole participent à un repas « communautaire » tous les deux mois. Des permanences visant à informer sur la prévention et la prise en charge du VIH sont également assurées à l'hôpital de Bobo-Dioulasso, à la maternité et dans des centres de santé (10 lieux).
En outre, l'association a ouvert en 2005 un centre médical qui effectue gratuitement des dépistages, des examens biologiques et le suivi des patients sous antirétroviraux. Il est géré par quatre médecins vacataires et deux infirmières permanentes. L'association dispose également d'un dépôt pharmaceutique, qui lui permet de fournir gratuitement les médicaments anti rétro-viraux (ARV) et les médicaments contre les maladies opportunistes aux patients.
En 2008, Espoir et Vie s'est équipée d'un logiciel qui permet de faire le suivi des patients, et d'aider ceux-ci à prendre régulièment leurs traitements. Dès qu'une personne ne prend plus ses ARV, le logiciel le détecte, et l'association prend alors le temps de contacter le patient, par téléphone ou visite à domicile.
Au Burkina Faso, vivre avec le VIH apparaît comme un drame dans un contexte où le risque de stigmatisation et de rejet est énorme. De plus, les malades doivent faire face à l'inaccessibilité des soins et des médicaments.
Au regard de cette situation, des personnes infectées ont décidé de créer l'association Espoir et Vie pour servir de cadre de rencontres et d'échanges.
L'association organise des séances de sensibilisation et des causeries auprès de groupes spécifiques et considérés comme "à risques" : les prostituées, les routiers, les jeunes de moins de 24 ans, les orphelins et les enfants vulnérables, les orpailleurs, les migrants ou les détenus, et ce dans toute la région de Bobo-Dioulasso. Des pairs animateurs formés par Espoir et Vie proposent des animations une fois par mois. A cette occasion, des préservatifs et des bons pour des dépistages peuvent être distribués gratuitement et des personnes malades témoigner ouvertement. En outre, l'association a élargi ses activités à une autre localité, Banfora, où elle a ouvert des locaux et placé des conseillers psychosociaux.
Tous les mois, l'association fournit un soutien alimentaire et matériel à ses membres : un colis comprenant du mil ou du maïs leur est distribué, ainsi que du savon, du lait, de la lessive...
Mais offrant plus qu'un soutien alimentaire, l'association permet aux malades de rompre leur isolement. C'est à cet effet qu'une permanence est assurée au sein de l'association pour accueillir, conseiller, informer et orienter les personnes malades ou non. De même, les groupes de parole permettent aux malades de discuter, de se soutenir et de retrouver une certaine vie sociale. L'association a aussi mis en place des clubs d'observance, où les malades apprennnent à bien prendre leur traitement, pour éviter les négligences.
Depuis 2003, l'association s'occupe plus particulièrement des orphelins et enfants vulnérables, en organisant diverses activités qui leur sont destinées. Ainsi, l'association prend en charge la scolarité de certains et propose du soutien scolaire, mais également des activités d'éveil encadrées par des animateurs, comme des cours de danse ou des colonies de vacances.
Espoir et vie oriente parfois certains de ses membres vers d'autres structures plus spécialisées ou leur permettant d'être traités s'ils n'ont pas les moyens d'acheter des médicaments. Ainsi, une femme enceinte séropositive sera orientée vers l'Association Espoir pour Demain. Des visites à domicile ou à l'hôpital sont également assurées.
On peut vivre longtemps avec le VIH en étant séropositif. Il faut pour cela :
L'association participe régulièremment aux programmes nationaux de soutien aux activités génératrices de revenus. Ces programmes permettent de financer l'octroi de microcrédits et des formations en teinture et restauration pour les membres de l'association. Espoir et Vie a ainsi mis en place un restaurant au sein de la maison des associations de Bobo-Dioulasso, géré par des membres de l'association.
Pour les membres adhérents, la cotisation mensuelle est de 250 francs CFA (3000 francs CFA par an).
Les responsables nous ont également fait part de leur projet de construction d'un centre pour les orphelins et enfants vulnérables, avec une salle de jeux, des ordinateurs et qui proposerait des activités de loisirs pendant les vacances scolaires.
Le programme TAP (Programme d'Accès au Traitement ARV) a pris fin en décembre 2007. Un nouveau programme "PAS" permet de continuer les actions initiées dans le cadre du programme TAP.
Le 15 août 2007, nous avons assisté à des groupes de parole de l'association. Ils se déroulaient au siège de l'association avec une centaine de participants, en majorité des femmes (90%). La séance a commencé vers 15 heures après une longue préparation de distribution de cartes de nourriture. L'ambiance était très détendue puisque tout le monde se connaissait, et les plaisanteries fusaient en dioula.
Les participants se sont ensuite divisés en trois sous-groupes : celui des orphelins, celui des personnes infectées et celui des veuves. Le peu d'hommes présents étaient tous dans le groupe des personnes infectées et occupaient les premiers rangs.
Chaque groupe avait son thème spécifique ; par exemple, le groupe des veuves traitait celui de la stigmatisation des veuves au sein de leur famille. Les groupes étaient dirigés par des animateurs eux-mêmes séropositifs. Ces derniers incitaient les personnes présentes à prendre la parole et à exprimer leurs émotions. Par exemple, dans le groupe des veuves, les femmes prenaient facilement la parole et venaient au centre du groupe pour s'exprimer.
Nous avons pu discuter avec quelques participants, qui nous ont parlé des difficultés liées à la stigmatisation qu'ils subissent au quotidien. Ils se sont dits touchés par notre intérêt pour leur situation et nous avons reçu un accueil chaleureux dans le groupe.