M. Kere Adama
Le SWAA est présent dans 39 pays d'Afrique, dont le Burkina Faso, à travers l'AFAFSI-BF (Association des Femmes Africaines Face au Sida - Burkina Faso). Kere Adama, le psychologue du centre de Ouagadougou, nous a reçues dans les locaux de l'association qui existe depuis 1993, mais a été reconnue officiellement en 1994. L'AFAFSI est un réseau de 40 associations qui luttent contre le SIDA.
La première étape de la lutte contre le Sida est la formation et la sensibilisation de la population aux risques liés au sida. Le SWAA organise des actions en direction de toutes les catégories de la population, des enfants aux prostituées, des citadins aux paysans. Des sensibilisations dans les écoles et les quartiers sont assurées par des pairs éducateurs. Ce sont des personnes bénévoles, formées par l'association, qui servent de relais dans ces quartiers. Souvent proches des jeunes, elles les écoutent et les conseillent. Un numéro vert a également été mis en place dans l'espoir de toucher le plus grand nombre.
Un important travail de sensibilisation est réalisé auprès des prostituées. AFASI-BF leur propose en effet chaque mois une consultation gynécologique gratuite, ainsi qu'un dépistage volontaire. Elles peuvent recevoir si elles le souhaitent une formation sur les IST/MST et le personnel de l'association les incite à utiliser des préservatifs. Les femmes qui se prostituent sont de plus en jeunes, "c'est souvent la pauvreté qui les pousse sur le trottoir" nous confie les membres de l'association. Pour sortir ces filles de la pauvreté, l'association avait mis en place un salon de coiffure pour aider à la réinsertion professionnelle des prostituées, mais il a dû fermer en janvier 2007. Il a été remplacé par des kiosques à café tenus par les anciennes prostituées dans les rues.
Le SWAA organise depuis cinq ans le projet PSAMAO, « Prévention Sida sur les axes Migratoires de Afrique de l'Ouest », en envoyant des représentants auprès des populations sur six sites stratégiques, afin d'informer les prostituées et les routiers des risques qu'ils encourent.
Des dépistages du VIH/SIDA sont également réalisés sur place, dans les locaux de l'association, pour 500 francs CFA. Ces dépistages sont ouverts à tous, aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Une équipe de conseil est aussi présente sur place pour expliquer aux personnes qui viennent se faire dépister les avantages et les risques qui sont liés aux tests. L'association organise aussi des dépistages mobiles chaque mois dont la durée est de deux à trois jours, afin de pouvoir toucher la population des campagnes.
Le SWAA fait partie du CICDOC, un réseau de neuf associations qui ont créé un centre d'information et de documentation sur le VIH et la tuberculose.
L'association prend en charge également le traitement des maladies opportunistes liées au sida. Des médecins sont donc présents trois fois par semaine. Deux petites cellules de conseil et de soutien permettent aux personnes qui en font la demande de discuter et se confier plus facilement au personnel médical présent.
Les orphelins dont les parents sont décédés du sida, ainsi que ceux qui en sont atteints, sont soutenus par l'association (don de fournitures scolaires, prise en charge médicale…). Au moins une fois par an, une soirée récréative est organisée dans les locaux de l'association en faveur de ces enfants.
Une affiche d'information
L'association organise des campagnes d'information auprès de la population pour lutter contre les idées reçues sur le VIH et sur ses modes de transmission, à travers des spots publicitaires à la radio et à la télévision, ainsi que dans la presse écrite, ou encore à travers des affiches et des panneaux publicitaires dans la ville : "le sida ne s'attrape pas par la salive ou par une poignée de main"... Pour les cas de discriminations, professionnelles par exemple, l'association oriente les victimes vers des organismes juridiques. M.Adama remarque qu'aujourd'hui les comportements évoluent beaucoup. Le sida n'est plus un tabou et les malades osent de plus en plus assumer leur maladie et l'annoncer à leurs proches sans peur d'être rejetés.
Les actions menées par SWAA et les autres associations et ONG internationales qui agissent dans ce domaine commencent à porter leurs fruits puisque le taux de prévalence du sida est passé de 7,17% en 1993 à 1,9% en 2007 (chiffres publiés par ONU/sida). Ces résultats peuvent également s'expliquer par l'implication de l'Etat burkinabé dans la lutte contre le sida, puisque de nombreuses structures de prise en charge des personnes atteintes de la maladie existent dans les hôpitaux.
Les jeunes ont de plus en plus conscience de la maladie. Nombre d'entre eux viennent faire le test avant le mariage. Néanmoins, les femmes restent deux fois plus touchées que les hommes, car elles semblent biologiquement plus vulnérables à la maladie. C'est pourquoi elles constituaient la cible de départ de l'association. Elles restent les premières à entreprendre la démarche de se faire dépister et restent fidèles à l'association, une fois leur séropositivité découverte.
L'association envisage d'aider économiquement les femmes séropositives, notamment à l'aide de microcrédits pour qu'elles puissent continuer à vivre d'un petit commerce, sans pour autant développer l'assistanat. Néanmoins ce genre d'initiatives demande de gros moyens et une certaine formation. Mais ce nouveau champ d'activités est un projet de long terme important pour l'association.