Créée en septembre 2000, Voix de Femmes est une association de défense des intérêts de la femme burkinabé. Elle entend contribuer à la promotion de la femme sur tous les plans (juridique, socio-économique, politique et culturel).
L'association est présidée par Mme Mariame Lamizana, sociologue, actuellement ministre de l'Action Sociale, mais lundi 15 mars, c'est la secrétaire générale de l'association et juriste, Gisèle Kambou, qui nous a présenté les activités et objectifs de Voix de Femmes . L'association compte aujourd'hui une centaine de membres. Elle s'est organisée en quatre groupes traitant chacun d'un thème spécifique, de façon à utiliser au mieux les ressources des membres qui sont tous bénévoles. Pour ses débuts, l'association a décidé de se limiter essentiellement à la défense des droits des femmes et à l'information sur les MGF et les IST, et de ne pas mettre en place d'activités génératrices de revenus (AGR) pour le moment, ce qui exigerait de nouvelles compétences.
La secrétaire générale nous explique que le Code des Personnes et de la Famille burkinabé est un des meilleurs en Afrique. Mais il est peu connu et souvent mal appliqué. Les magistrats appliquent généralement les textes « sans les éléments extérieurs ». Il est donc nécessaire de former les professionnels du droit, ce qui est assez difficile car la plupart d'entre eux refusent d'admettre qu'ils ont besoin d'un renforcement de leurs compétences.
Ces deux groupes travaillent souvent ensemble et sont chargés de mettre au point et d'animer des sensibilisations sur l'excision, les Infections Sexuellement Transmissibles, le Sida, l'hygiène sanitaire… dans des écoles, des lycées de jeunes filles, des internats.
Pour Gisèle Kambou, la notion de genre est une notion à la mode. Elle a suivi une formation de 15 jours sur ce concept et dit ne pas avoir été convaincue. Pour elle, on retrouve les mêmes idées dans les termes de parité ou d'équilibre entre hommes et femmes.
Elle n'a donc pas vraiment pu nous décrire les activités de ce groupe qui vraisemblablement n'est pas très important.
L'association considère que le fait qu'une multitude d'associations travaille sur le même thème de défense des droits des femmes est positif, tant que les associations agissent en partenariat et non de façon concurrentielle. « Ce qui compte, c'est d'améliorer la situation des femmes, non ? Peu importe qui le fait tant qu'on arrive au bon résultat ! » nous explique Gisèle.
C'est pourquoi Voix de Femmes a décidé de cibler son activité sur quatre régions seulement du Burkina. Le choix a porté sur des régions où peu d'associations de promotion féminine sont actives, notamment celle de Gaoua. L'association y identifie les problèmes spécifiques des femmes y forme des personnes relais qui rencontrent les femmes, les conseillent et les mettent en contact avec le Président du Tribunal si nécessaire.
Gisèle Kambou, secrétaire générale de Voix de Femmes
La secrétaire générale de Voix de Femmes travaille depuis dix ans pour une association de défense des droits humains : l'UIDH (Union Interafricaine des Droits de l'Homme). Or Gisèle considère qu' « il faut isoler la femme africaine pour pouvoir la défendre » . C'est pourquoi elle s'est pleinement investie dans cette association. Elle n'est pas membre de l'AFJ/BF (Association des Femmes Juristes du Burkina Faso) car elle ne veut pas se disperser.
Elle considère qu'« il y a encore beaucoup à faire pour les femmes ». Elle se souvient notamment avoir mené une sensibilisation sur le Code des Personnes et de la Famille dans un centre de formation en jardinage, couture… qui accueille 900 jeunes filles. Les jeunes filles étaient vraiment intéressées. C'était seulement la deuxième sensibilisation à laquelle elles participaient. Mme Kambou a donc l'intention d'organiser de nouvelles formations dans cet établissement.
Gisèle Kambou s'est rendue dans un centre de détention de Ouagadougou pour y rencontrer les femmes incarcérées. Elle s'est alors aperçue que nombre d'entre elles ignoraient la raison pour laquelle on les avait mises en prison. Interloquée par le fait qu'aucune des associations de promotion féminine n'ait, à sa connaissance, monté de projet pour cette catégorie de la population, la secrétaire générale a l'intention d'intervenir auprès de ces femmes.