AMSAFE - Association Malienne de Suivi et d'Appui à la Femme et l'Enfant

La directrice de l'AMSAFE, Mme Safiatou Doumbia Coulibaly

     Nous avions été reçues une première fois par la directrice de l'association, Mme Safiatou Doumbia Coulibaly courant janvier 2004. Nous l'avons rencontrée à nouveau en juillet 2005, puis en 2006. Nous avons à cette occasion réalisé le portrait de cette femme particulièrement dynamique et impliquée dans la vie associative. Une autre visite en 2008 a confirmé le dynamisme et la perennité de l'association.

     L'association vise à améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants via la défense et la vulgarisation de leurs droits et devoirs et en aidant des femmes à mieux s'organiser pour leur épanouissement et leur promotion. Elle intervient dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'environnement, à travers deux centres d'activités : une école de quartier et un centre d'écoute communautaire.

Organisation

Trois des animatrices

     Depuis 2005, l'association recrute des bénévoles parmi les jeunes filles du quartier qui n'ont pas eu le DF (diplôme fondamental). Elle les forme alors au travail d'animatrice, en les sensibilisant à différents problèmes (sida, paludisme...), pour qu'elles puissent à leur tour informer les gens. Elle les incite également à repasser le DF. Pour la directrice, le travail d'animatrice doit être un levier vers une nouvelle carrière. Une fois que les filles ont repris leurs études, elles restent en contact avec l'association et continuent leur travail d'animatrice, dans la mesure où leur emploi du temps le permet. Actuellement, l'AMSAFE compte 8 animatrices, qui s'occupent des enfants aussi bien pendant la période scolaire que pendant les vacances, durant lesquelles elles organisent diverses activités (alphabétisation, jeux éducatifs, information).
La présidente a envisagé cette solution pour pallier le manque de personnels, mais aussi parce qu'elle tenait à donner une nouvelle chance à ces jeunes filles, ayant elle-même connu des difficultés au cours de ses études.
L'AMSAFE compte 45 membres bénévoles et travaille également en partenariat avec la Direction de la Promotion de la Femme et de l'Enfant, la Clinique Juridique et l'ONG Aide et Action qui lui a fourni du matériel scolaire.

L'école

Les enfants de l'école

     L'AMSAFE assure l'encadrement des enfants en situation difficile dans un des quartiers populaires de la capitale, Sikoroni. Le siège de l'association accueille le bureau de la présidente ainsi qu'une école qui compte environ 150 enfants (de 8 à 14 ans) pendant l'année scolaire. Y est dispensée une éducation de base (les trois premiers niveaux du cycle fondamental), qui repose sur la formation que la directrice a reçue de l'UNICEF. Depuis notre première rencontre, elle a suivi des études de business management pour pouvoir mieux assurer le fonctionnement de l'association.
42 enfants étaient inscrits au cours préparatoire à l'école publique (apprentissage de la lecture et de l'écriture) en 2005-2006. L'association assure le suivi scolaire de ces enfants après leur entrée à l'école publique.
Pour éviter la prostitution des enfants (ce qui a souvent lieu dans les quartiers périphériques comme celui de Sikoroni), la directrice essaie d'assurer l'enseignement des enfants le soir.
Pendant les vacances, en plus des activités pour les groupes d'enfants, l'association organise des séances d'alphabétisation pour les adolescentes.

Les causeries

Quelques femmes participant à la causerie

     Des débats sociaux et des sensibilisations sur les droits et devoirs des femmes, les moyens de contraceptions et le paludisme (importance de l'utilisation de moustiquaires imprégnées) sont également organisés tous les mercredis soirs. Y participent principalement les 45 femmes membres de l'association (qui versent pour cela 250 francs CFA par semaine).
Nous avons participé à l'une d'elles le mercredi 19 juillet 2006. Beaucoup de femmes étaient en retard, malgré la règle instaurée la semaine précédente : chaque femme en retard doit payer 100F CFA supplémentaires. Le débat, qui portait ce jour-là sur le SIDA, a été ouvert par une des animatrices, Koro. Les femmes se sont alors exprimées sur le sujet avant de parler d'un tout autre sujet : leur mode d'organisation.
Afin de mieux travailler et d'être plus efficaces, elles ont décidé de s'organiser en trois groupes de 12 à 13 femmes. Chaque groupe dispose d'une partie du budget (environ 17 000F CFA) et doit faire en sorte de développer une activité génératrice de revenus (par exemple la vente de sel). Les bénéfices sont par la suite reversés à l'ensemble des trois groupes. Ces femmes font preuve d'une grande motivation et souhaitent réellement améliorer leur situation et celle de leur quartier.

Diversifier les activités

     L'AMSAFE souhaiterait développer des Activités Génératrices de Revenus grâce à la fabrication de savons. Les bénéfices devraient servir à alimenter la caisse de l'association et à financer le centre d'accueil et les formations. Mais ce projet ne génère pas assez de bénéfices, et la présidente a donc eu une nouvelle idée : grâce à ses études de management, elle espère pouvoir mener à bien une étude de marché pour lancer un projet de tissage de coton. Elle cherche actuellement des partenaires financiers et des distributeurs, si possible étrangers.

Production de savon et tissu de coton

     Par ailleurs, l'AMSAFE défend le droit des enfants à avoir un acte de naissance, à travers des plaidoyers et des séances de sensibilisation auprès des femmes du quartier. En effet, au Mali, chaque enfant doit être déclaré dans les trois semaines suivant sa naissance. Passé ce délai, il faut alors aller devant un juge pour établir le document, mais cet acte est payant. Nombre de familles n'ont pas les moyens de payer ces honoraires, et de nombreux enfants ne sont jamais « déclarés », ce qui pose entre autres des problèmes pour leur scolarisation. L'AMSAFE a donc aidé, en partenariat avec des associations de jeunes, 576 enfants à obtenir leur acte de naissance. Les difficultés sont cependant nombreuses : certaines pièces d'identité sont nécessaires, mais les parents ne les ont pas toujours.
L'AMSAFE mène enfin certaines actions ponctuelles, comme le don d'habits à des enfants démunis.
L'association a également d'autres projets, mais elle n'a pu les réaliser jusqu'à présent par manque de financements. La présidente voudrait en particulier créer un clos d'enfants. L'idée lui est venu en 2002, lors de la visite du directeur national de la promotion de la femme et de l'enfant. Une femme du quartier avait alors déposé son enfant de trois ans au centre pour pouvoir aller travailler. Le directeur a alors fait remarquer que normalement seuls les enfants de 7 à 18 ans pouvaient être accueillis par le centre. Il a alors indiqué à Madame Safiatou Doumbia Coulibaly les formalités à accomplir pour créer un clos d'enfants. Son projet a été validé par les autorités, mais elle est toujours dans l'attente d'un terrain. La mairie tarde à satisfaire sa demande.
La présidente souhaite par ailleurs mettre en place un centre multifonctionnel, où seraient dispensées de nombreuses formations permettant aux jeunes filles recalées d'avoir quelques années supplémentaires pour obtenir leur DF.

Financements

Activités à l'école pendant les vacances

     Depuis 1999, ce centre d'accueil pour les enfants, qui sert également de centre d'écoute et d'orientation, fonctionne sans financement extérieur. La directrice est actuellement à la recherche de partenaires pour payer la scolarité d'autres enfants dont les familles ne peuvent verser ces 8.000 francs CFA annuels, le budget total étant insuffisant pour les scolariser gratuitement. En effet, seulement 25% des enfants inscrits versent effectivement les 1.000 francs CFA de frais de scolarité mensuels nécessaires au paiement du local et des salaires qui sont plutôt des "dédommagements" versés quand il y a l'argent dans les caisses.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.