Baara Muso

  • Commune I
    rue 96, porte 570
    BP 79
    Bamako
    Mali
  • (223) 224 09 79
    (223) 224 22 53
  • (223) 224 13 50
  • baaramuso@yahoo.fr
  • Dernière rencontre : Juillet 2008

La Présidente de BAARA MUSO

     Nous avons rencontré en août 2005 puis en juillet 2006 Mme Amy Sow Traore, la présidente de BAARA MUSO qui nous a reçus au siège de son association, situé dans le quartier de Korofina à Bamako. Ce fut notamment l'occasion de visiter les locaux, tout particulièrement l'internat pour jeunes filles qu'ils abritent. L'association BAARA MUSO est en cela unique, puisqu'elle est l'une des rares, si ce n'est la seule association à proposer ce genre de structure au Mali.

     BAARA MUSO signifie « la femme préférée de son mari », c'était le nom d'une émission de télevision culinaire que la présidente de l'association présentait. « La préférée de son mari, quand celui-ci a quatre femmes, c'est toujours celle qui cuisine le mieux », nous fait remarquer la présidente.

La situation des aides ménagères au Mali

     L'association BAARA MUSO a été créée le 2 avril 1997 par Mme Amy Sow Traore, afin d'améliorer l'insertion socio-économique et professionnelle des jeunes aides ménagères. En effet, le Mali connaît, comme la plupart des pays voisins, un phénomène d'immigration des jeunes filles vers les grandes villes. Elles y travaillent comme aides ménagères et peuvent ainsi soutenir financièrement leur famille ou réunir la dot nécessaire à leur mariage. Malheureusement, ces jeunes filles sont souvent exploitées par des employeurs peu scrupuleux, car elles sont bien souvent très peu respectées, considérées et traitées comme des « bonnes à tout faire » et non comme des aides ménagères. Elles sont également sous-payées, avec un salaire mensuel moyen de 7500 francs CFA (soit environ 11,50 euros).

Le combat de l'association

     C'est cette situation que BAARA MUSO essaie d'améliorer à travers son action. Il s'agit de professionnaliser ces jeunes filles en leur offrant une formation qui leur permet de se spécialiser comme aide ménagère, gouvernante ou cuisinière. L'internat accueille en moyenne vingt-cinq jeunes filles de plus de 19 ans. Encadrées par deux moniteurs et une cuisinière, elles apprennent à faire la cuisine et le ménage et à s'occuper des enfants. Cette formation dure trois mois, puis l'association place les jeunes filles dans des familles et obtient pour elles des salaires bien supérieurs à la moyenne. Elles peuvent toucher mensuellement 15.000 ou 20.000 francs CFA. Pour une meilleure protection de ces jeunes filles, les salaires sont perçus directement par l'association qui les bloque sur un compte en banque et les remet à sa propriétaire dès qu'elle le souhaite.
L'association, qui a le statut d'ONG, est soumise au contrôle du Ministère de la Famille malien. Elle est également liée à la Coordination Pour les Jeunes Travail (COPJT) et à la Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali (CAFO).

Financements

     Lors du lancement du projet, l'association a été financée par un certain nombre d'agences gouvernementales. Cela lui a permis de dispenser à ses internes des cours d'alphabétisation et de leur faire bénéficier d'un suivi médical. De plus, une surveillante était chargée de s'assurer que les jeunes filles placées étaient satisfaites de leur emploi et ne subissaient pas de maltraitances de la part de leur employeur.

     Mais aujourd'hui l'association ne bénéficie plus d'aucun financement extérieur. La présidente souligne qu'il est maintenant de plus en plus difficile d'obtenir des financements. Ces volets d'action n'ont donc pas pu être maintenus et l'association finance ses frais de fonctionnement interne par un prélèvement d'une valeur de 2500 francs CFA sur le salaire des jeunes filles qu'elle place.
En 2006, l'association envisage de se redynamiser. La présidente veut en effet reprendre une activité abandonnée, la production de fonio précuit, et commencer la production d'attieke. Ces deux activités constitueront une source de revenus pour l'association.
BAARA MUSO a réussi à se bâtir une solide réputation de fiabilité, si bien que la plupart des jeunes filles sont dirigées aujourd'hui vers elle par d'autres associations ou directement par les chefs de village.

Les internes de BAARA MUSO

Une évolution difficile

     Depuis quelques temps, l'association connaît des difficultés de financements et a dû supprimer une partie de ses actions. Pour les locaux, la maison de la présidente est mise à disposition où l'eau et l'électricité sont payées. L'association s'est ainsi concentrée sur le coeur de son action soit les formations de cuisine, ménage et baby-sitting. Le volet IEC a lui été supprimé ainsi que le poste d'animatrice chargée de suivre les placements des jeunes filles chez leurs employeurs pour vérifier qu'elles étaient bien traitées. Quatre personnes restent salariées pour s'occuper des activités en cours.

     L'association continue d'agir dans son domaine et de trouver de nouvelles perspectives. Ainsi,l'association aimerait améliorer l'insertion des jeunes filles dans leur village. En effet, ces filles s'habituent à la vie citadine et leur retour pour leur mariage au village est d'autant plus dur. L'assocation souhaiterait que chaque jeune fille réussisse à garder un salaire décent afin de garder un certain niveau de vie.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.