Mme Hadja Aïssa Diallo Soumaré, présidente du CADEF, nous a fait visiter le jardin d'enfants « mémorial Fanta Diallo » que gère son association à Faladié, un quartier aisé de Bamako. Ce centre existe depuis 2001. Il accueillait en 2004 une vingtaine d'enfants, et en compte plus d'une cinquantaine en 2006. Les frais de scolarité s'élèvent à 5.000 F CFA par mois et par enfant (équivalent du salaire d'une aide ménagère !). Deux éducateurs animent chaque jour ce centre : une femme pour les plus petits, et un homme pour le cours supérieur.
La particularité de ce centre pour enfants est qu'il met l'accent sur l'éducation civique, particulièrement auprès des enfants en fin de cycle, c'est-à-dire qui ont entre 5 et 6 ans.
Une question s'est posée lors de la création du centre : comment aider une collectivité à connaître les lois qui la régissent, à les respecter, à participer à la gouvernance du pays et surtout à apprendre à respecter les autres ?
Pour cela, en plus de l'enseignement classique du calcul et du vocabulaire, il a été décidé que les enfants de 2 à 6 ans seraient sensibilisés aux notions de République, de Gouvernement, d'Assemblée Nationale, ainsi qu'au respect de ses voisins, de l'environnement… L'école a aussi mis en place des cours d'informatique, et envisage maintenant d'introduire des cours d'Anglais et éventuellement une éducation religieuse (islamique et catholique).
L'objectif est selon la responsable de « mouler ces enfants dans notre monde de la tolérance ». « Via les enfants, on peut atteindre les parents, mais c'est une œuvre de longue haleine ».
Cependant, quand ils atteignent 6 ans, les enfants quittent le jardin d'enfants pour l'école primaire, où les cours d'instruction sont absents du programme. Au grand mécontentement de Mme Soumaré, « les professeurs ne sont même pas formés à cette discipline !!! ».
Elle regrette également que le gouvernement ne s'intéresse qu'aux problèmes des lycées et universités, en sacrifiant selon elle ceux de la petite enfance.
Les autres problèmes qu'évoque la présidente du CADEF sont avant tout d'ordre financier (factures d'électricité très élevées lorsque l'ordinateur est utilisé comme un outil pédagogique pour les enfants par exemple), mais également d'ordre culturel. Certains parents estiment en effet que l'éducation des jeunes enfants n'est pas indispensable, et ils ne les inscrivent donc pas dans les jardins d'enfants. Ce sont les filles qui font le plus souvent les frais de ce raisonnement, les familles préférant scolariser les garçons et garder les filles à la maison. Mais, même lorsque les enfants sont inscrits au centre, certaines familles ne versent pas les frais de scolarité, ce qui met en péril l'équilibre financier du centre qui n'est toujours pas atteint. Pourtant, il n'est pas dans la politique de l'école d'exclure ces enfants. Au contraire, Mme Soumaré considère qu'il faut casser les barrières sociales et donc accepter des élèves de tous les milieux sociaux.
Enfin, deux nouveaux centres viennent de s'implanter à proximité du quartier. Le nombre d'enfants qui fréquentent le jardin d'enfants a donc diminué, et ses recettes aussi.