Jigi : activités de collecte

L'arrivée sur les lieux

Les femmes se regroupent en cercle

     Nous avions rendez-vous dans les locaux de Jigi à 15h00. Un 4x4 conduit par le chauffeur de l'ONG nous a été mis à disposition pour nous rendre sur les lieux. Une des animatrice de l'association nous accompagnait et nous avons rejoint un autre animateur dans un petit village à 6 kilomètres de Bamako. Plus nous quittions Bamako, plus l'ambiance, les personnes, les habitations changeaient. Le trajet fut assez hasardeux. Il avait beaucoup plu la veille et le chemin de terre, tout creusé, était parcouru de grosses mares d'eau que nous traversions à bord du 4x4, bien utile à cet endroit. Finis les petits marchands sur le bord des routes et l'agitation de la capitale, l'endroit où nous arrivons est calme. Le véhicule s'arrête au centre du village. Nous préparons une table et des chaises pour les membres de Jigi, ainsi que pour nous afin d'observer la situation. Un cercle se forme petit à petit devant la table. Les femmes se rapprochent et en peu de temps, une quarantaine de femmes du village sont présentes.

La tontine organisée

     Le projet de Jigi consiste à organiser un système de tontines dans des villages où les banques ou autres instituts financiers n'interviennent pas. Des groupes sont constitués afin de proposer, sur la base de la confiance, des aides à chacun des membres : les cotisations des membres et les remboursements permettent de financer les projets suivants. Ce cycle opère sur une durée de quatre mois. La somme prêtée communément est de 10000 Fcfa, soit un remboursement de 2500 Fcfa par mois. Ce système est possible car il y a de vraies relations sociales et trois femmes se portent garantes du bon fonctionnement de ce système. Ce sont celles qui sont les plus vieilles et aussi les plus respectées qui animent la rencontre et ont le rôle d'intermédiaires dans cette rencontre. Elles choississent entre autres les personnes qui vont pouvoir bénéficier de cet apport financier. Elles ont aussi le privilège de pouvoir bénéficier d'une plus grosse somme de prêts. Les sommes vont de 10000 Fcfa à 50000 Fcfa pour certaines. Cet argent peut servir en cas de difficultés financières et peut aussi aider ces femmes à monter et à pérenniser une activité génératrice de revenus.

     Aujourd'hui, l'ONG vient continuer de récupérer l'argent prêté et si le temps le permet, elle pourra commencer à distribuer l'argent du prochain cycle de quatre mois. L'activité se déroule en cercle avec au bout la table les membres de l'ONG. Ces derniers sont venus avec une boîte contenant les billets et pièces de la veille ainsi qu'un carnet où sont recensés tous les prêts réalisés. Tour à tour, les femmes sont appelées par l'organisateur qui tient le carnet des comptes, et viennent remettre l'argent du mois à l'ONG. Tout ceci se passe dans le calme. Quand la pluie commence à tomber, la petite communauté se regroupe dans un lieu couvert et le ramassage continue toujours aussi conscienceusement.

Un système efficace

Les animateurs de Jigi en pleine collecte

     Le ramassage durera plusieurs heures. La prochaine étape sera la distribution des sommes récoltées. Ces deux étapes ont lieu tous les mois sur plusieurs jours consécutifs en fonction du temps. Le système de tontine semble très bien fonctionner. Apparemment peu de sommes prêtées ne sont pas recouvrées et ce système aide ces femmes qui ne peuvent prétendre à l'accès à de plus grandes institutions financières. Ces groupements de femmes possédent leur propre dynamique avec une hiérarchie respectée et un ordre social qui contraint les femmes à rembourser les sommes dues au délai prévu. L'organisation de ce système de tontine par l'ONG permet de bien cadrer le système et de l'organiser en toute honnêteté avec le groupement de femmes.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.