RESMA - Réseau Espoir Santé Mali

Mme Mariam O. Touré, la présidente du RESMA et un membre d'une des associations du réseau

     En juillet 2008, nous avons été contactés par les membres du Réseau Espoir/Santé Mali. Nous avons donc été rencontrer ce réseau avec l'espoir de pouvoir découvrir grâce à lui de nouvelles associations oeuvrant en faveur des femmes. Nous avons finalement découvert que le RESMA avait une vie associative à part entière.

     L'idée de la création d'un réseau entre associations maliennes œuvrant dans le domaine de la santé a commencé à germer au milieu des années 90, à travers un groupement de 20 ONG retenues à partir d'un processus de sélection dans le cadre d'un partenariat avec le Plan Mali. Des rencontres annuelles dans le cadre de ce partenariat (un à deux jours de partage d'expérience afin d'apprécier le partenariat et d'étudier le niveau d'exécution des activités) ont permis à ces ONG de tisser des liens et les ont poussées à maintenir ce rythme, à échanger des informations pour se connaître mutuellement : l'idée d'un réseau était née. Une commission a alors été mise en place afin de réfléchir à la pertinence de la création de ce réseau, puis les résultats ont été exposés en assemblée avec toutes les ONG. Il est vite apparu évident qu'il fallait un cadre pour renforcer les capacités des associations. La même commission s'est donc réunie pour rédiger les textes légaux et en particulier le règlement intérieur du réseau. En mars 2003, les documents furent validés en assemblée et le réseau, soutenu par le Plan Mali, fut officiellement créé. Il comportait alors les 20 associations qui avaient connu le partenariat avec le Plan Mali.
Les objectifs du réseau sont les mêmes que ceux qui ont pussé à sa création. En dehors du Plan Mali les associations ont beaucoup de choses à partager dans la durée et la santé étant un domaine qui concernait toutes les associations, l'idée de faire quelque chose de spécifique pour lutter contre le SIDA fut conservée. Cependant, afin de développer cette volonté, c'est vers la santé globale que les ONG ont voulu orienter leur réseau. Le nom du Réseau Espoir/Santé Mali fut trouvé en partant des objectifs visés. Les membres travaillaient et travaillent toujours au jour le jour avec des personnes qui « vivent d'espoir », les séropositifs. Le réseau devait donc constituer une base d'espoir au Mali, dans le domaine de la santé.

L'action directe du RESMA en faveur de la lutte contre le SIDA

     L'action principale du RESMA en tant qu'ONG s'inscrit dans une coordination à long terme de projets luttant contre la progression du SIDA au Mali. Ce jeune réseau s'occupe actuellement de quinze centres de dépistage. Il dispense, dans toutes les régions du Mali, des formations contre le VIH dont les résultats sont maximaux grâce à la grande expérience dans ce domaine des membres du réseau. Des stratégies sont en effet mises en place pour pousser les jeunes à aller se faire dépister et à éviter les rapports non protégés. Les bénévoles de l'association se rendent dans les centre villes près des quartiers jeunes et y implantent leurs bases, afin d'être proche de cette population. Des faux dépistages ont été mis en place (jeunes qui venaient au centre sur demande du RESMA sans forcément se faire dépister et en parlaient à leur entourage) dans un premier temps afin de lutter contre les préjugés et la honte de se présenter pour un dépistage à la vue de tous. Aujourd'hui la lutte contre cette « maladie invisible » (les morts du SIDA étaient mis sur le compte de la fatalité car le décès était généralement très rapide) a permis à tous ces tabous de régresser dans les villes, même s'ils restent vivaces dans les campagnes. Les quinze centres de dépistage sont aujourd'hui toujours très actifs.
Pour tester l'efficacité du travail du RESMA mais aussi avoir un aperçu de l'évolution de la maladie au Mali, une étude a été réalisée en 2007 dans les centres de dépistage. Les premières lignes du rapport sont plus qu'explicites :

     « Le taux de prévalence du VIH (1,7% en 2001 selon l'EDSM-III) reste faible, mais la révélation des taux élevés parmi certains groupes à risque comme les professionnelles de sexe (29,7%), les vendeuses ambulantes (6,7%), les apprentis chauffeurs (5,7%), les camionneurs (4,1%), les coxeurs (5,5%), les aides ménagers (1,7%) par les résultats de recherche et de surveillance épidémiologique prouve à suffisance que notre pays n'est pas à l'abris d'une explosion de l'infection du VIH ».

     Si le travail du réseau est extrêmement apprécié et que le rapport sur l'efficacité des centres est très positif, il apparaît aussi que beaucoup de travail doit encore être réalisé pour pouvoir lutter efficacement contre la maladie.

Une volonté forte de renforcer les capacités des membres à travers de nombreux objectifs, communs à toutes les associations du réseau

Une des formations que nous avons réalisées pour le RESMA et ses membres

     Grâce au RESMA nous avons pu découvrir des associations très bien organisées et dont l'action s'organisait entièrement ou en partie en direction des femmes. Nous avons ainsi pu rencontrer les membres de l'Association Recherche/Action Femmes et Développement (ARAFD), de l'association Jigi ("Espoir" en Bambara), du Groupement Action Développement (GAD) et de la Coopérative des Femmes pour la Santé et l'Education Familiale (COFESFA). En plus de ces associations qui sont devenues membres de Courants de Femmes, le RESMA est composé de huit autres associations qui ont déjà pu recevoir nos formations (bureautique et blog) dans les locaux du Réseau.
Les activités de l'association/réseau sont doubles. Non seulement elle réalise des projets indépendamment, mais elle a aussi de nombreux objectifs concernant le renforcement des capacités de ses membres. Ces objectifs sont :

  • la création d'un cadre d'échange et de partage à travers des rencontres fréquentes entre membres dans des locaux prévus à cet effet;
  • la valorisation des compétences internes du réseau;
  • la création d'une interface pour la mobilisation des ressources matérielles, techniques et financières durables;
  • le développement de partenariats externes et internes (projets externes en collaboration avec les associations membres);
  • le développement d'un système adéquat d'information et de communication, qui sera renforcé par la création (débutée en août 2008) d'un réseau de blogs entre membres;
  • la création d'une force de négociation et de plaidoyer en matière de santé.

     Ainsi, si le RESMA agit directement à travers des projets faisant de l'association une ONG a part entière, il conserve et renforce son rôle premier de réseau inter-associations.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.