Soutoura : Activités de sensibilisation

L'arrivée sur les lieux

     Nous avions rendez-vous dans les locaux de Soutoura à 20h00. Nous y avons rencontré Sidibé Fadiala, qui nous a ensuite conduit dans le quartier de l'hippodrome, dans un bar-hôtel où nous nous sommes installés en attendant la pair éducatrice. Il nous a expliqué que l'association disposait de 30 pairs éducatrices à Bamako, et que chacune d'elles tenait une réunion mensuelle dans un lieu où se trouvent des prostituées. Ces pairs éducatrices ont été choisies avec soin. Une bonne pair éducatrice doit être à l'aise pour parler en public, être « bavarde pour être convaincante », mais surtout, elle doit être respectée par les autres filles. Ainsi, l'association se renseigne auprès des hôteliers et des filles elles-mêmes pour savoir si l'une d'entre elles dispose d'une aura particulière. Ensuite, l'association teste ses aptitudes orales.
Sidibé souligne aussi le fait qu'un homme doit toujours accompagner les pairs éducatrices pour assurer leur sécurité : les clients de ces bars n'ont souvent pas une moralité exemplaire, nous confie-il. Il est le seul homme permanent à l'association, mais quelques bénévoles les aident de temps à autre. Il y a même des pairs éducateurs au sein de l'association.

L'approche participative

     A ses débuts, Soutoura organisait déjà des séances de sensibilisation, mais les intervenants se contentaient de simples exposés sur les dangers liés au VIH-Sida et sur les moyens de prévention. Les prostituées et leurs clients étaient informés des dangers, mais leurs comportements ne changeaient pas. Pour remédier à cela, une nouvelle approche a été tentée : l'approche participative.

     Elle consiste comme son nom l'indique à faire participer les filles et leurs clients. C'est ce que nous constatons quand arrive la pair éducatrice de la soirée, Rokiatou Touré. Elle commence par présenter l'association Soutoura, et par préciser ses coordonnées en détaillant bien comment s'y rendre. Elle souligne le fait que les filles seront suivies médicalement gratuitement si elles viennent réguliérement.

     Ensuite commence l'opération de sensibilisation proprement dite. Elle sort une pancarte sur laquelle est dessinée une image. Elle demande aux gens de l'assistance de la décrire. L'image est choisie en fonction du lieu, afin de faciliter une autocritique des participants. On y voit un homme et une femme dans un bar, soûls, l'homme tirant la femme par le bras. On peut voir sur leur table le sac de la femme avec une boite de préservatifs dedans, que le couple a manifestement oublié. D'autres images seront choisies pour des lieux différents (certaines mettent en scène des militaires, d'autres une femme se demandant si elle doit accepter de se marier sans demander un test de séropositivité à son futur mari...). La pair éducatrice demande ensuite quelles sont les possibles conséquences d'un tel comportement. Chacun des participants apporte sa réponse, et Riokiatou les complète si besoin est. Ici, on voit que l'alcool peut leur faire "faire de mauvaises choses sans qu'ils s'en rendent compte". L'assistance semble assez bien au fait des Infections Sexuellement Transmissibles. Tous citent le sida, certains la "so pissi" (chaude pisse). Elle leur demande ensuite comment remédier à ces problèmes. Ils répondent : "en utilisant le préservatif". Puis elle les interroge sur ce qu'ils peuvent faire pour leurs amis qui ne sont pas à la réunion d'aujourd'hui. Comment peuvent-ils savoir que leurs conseils sont appliqués ?
Si les filles et les clients semblent bien informés des problèmes liés aux rapports non protégés, les comportements sont longs à changer, et il faut souvent que quelqu'un assiste à plusieurs réunions de ce type pour réellement évoluer.

Comment bien se protéger?

     Après avoir fait participer les personnes présentes en leur posant des questions, Rokiatou fait une démonstration d'une bonne utilisation des préservatifs masculin et féminin. Après cela, clients et prostituées exposent les problèmes qu'ils rencontrent en utilisant des préservatifs. Rokiatou ou d'autres personnes du public leur apportent des solutions, montrant ainsi qu'il n'existe pas de bonne raison pour ne pas faire usage du préservatif. Elle leur rappelle également qu'ils peuvent se présenter au siège de l'ONG s'ils ont d'autres questions à poser. Elle donne à nouveau les coordonnées de Soutoura, récapitule les principales actions de l'association, avant de distribuer gratuitement des préservatifs.
Pour finir, Rokiatou remercie l'assistance de l'avoir écoutée. Au final, ce sont 5 filles et 7 clients qui ont assisté à cette séance de sensibilisation.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.