ANAFA - Association Nationale pour l'Alphabétisation et la Formation Adulte

     En juillet 2009, pour la deuxième rencontre avec l'association , nous avons été accueillies par Moussa Guèye et Valdiodio Ndaye (responsables des ressources humaines et de l'administration du projet Alf@net) dans les locaux de la direction générale de l'ANAFA. Nous avons pu constater que l'association avait diversifié ses activités, s'était agrandie d'un nouveau bureau décentralisé à Diourbel et avait noué de nouveaux partenariats. Nous avons aussi été sensibilisées au sujet de la fracture numérique que connaît l'Afrique en général et qui est devenu une des principales préoccupation d'ANAFA avec le programme Alf@net.

     Nous n'avons pu rencontrer directement les membres de la section femme de l'ANAFA car, au moment de notre venue, ceux-ci étaient accaparés par des réunions au Ministère de la Famille dans le but de faire adopter par les autorités un nouveau code de la famille. Les autres membres de l'ANAFA ont néanmoins pu nous renseigner sur les activités de la section.

Historique

     L'ANAFA a été fondée le 2 mars 1990 par des militants du mouvement associatif - principalement universitaires, artistes et syndicalistes - afin de lutter contre le problème de l'analphabétisme adulte au Sénégal. L'idée de créer l'ANAFA est née 3 ans avant l'officialisation de son existence, au cours de la première Assemblée Générale de « l'African Association for Literacy and Adult Education » (AALAE) en 1987 à Nairobi. Elle est aujourd'hui fortement impliquée dans la « PanAfrican Association for Literacy and Adult Education » (PAALAE).

Organigramme

     L'ANAFA est composée d'une Assemblée Générale (AG), d'un Comité de Direction élu par l'AG, d'un Bureau Exécutif et d'une Commission de contrôle de cinq membres. A part son siège à Dakar, l'ANAFA compte 8 bureaux décentralisés dans les régions de Thiès, St. Louis, Fatick, Kolda, Kaolack, Louga, Ziguinchor et Diourdel. Ces bureaux disposent d'une assez grande autonomie et adaptent leurs activités en fonction des besoins sur place.

     L'action de l'ANAFA se présente sous forme de réseaux :

  • réseau Alphabétisation
  • réseau Femmes et Développement (formation de parajuristes, plaidoyers sur le droit des femmes ; établissement d'AGR, création de comités de gestion d'activités de crédit-épargne)
  • réseau Démocratie, Paix et Droits Humains
  • réseau Environnement et Santé
  • réseau Recherche et Formation
  • réseau Art, Culture et Communication
  • réseau Assainissement
  • réseau Education Communautaire
  • réseau Jeunesse, Education et Sport

     Les activités sont menées pour la plupart par des volontaires. Le nombre de membres actifs et actives est estimé à environ 180 dont une majorité d'hommes.'

La Vision de l'ANAFA : le savoir pour vaincre la pauvreté

     « D'ici l'an 2010, l'ANAFA sera une ONG de référence reconnue au Sénégal, en Afrique et dans le monde, dans le domaine de l'alphabétisation, de la formation des adultes et de l'accompagnement des communautés de base pour un développement local endogène et équitable, par ses performances et sa sensibilité aux courants de changement dans le développement humain. »

     Dès le début, l'ANAFA a surtout travaillé avec les femmes car ce sont elles qui sont le plus touchées par les problèmes de l'analphabétisme et de la précarité. La section femme de l'ANAFA a un rôle central dans toutes les activités de l'association, au siège comme dans les régions. Mme Omou Lam est actuellement la responsable de la section femme au niveau du Secrétariat Exécutif à Dakar.

     L'intervention d'ANAFA s'appuie sur une démarche participative dénommée F.A.R.E. :

  • Formation
  • Animation (Appui à l'auto-développement)
  • Recherche
  • Edition

     De plus en plus, l'ANAFA s'occupe du problème de l'accès aux informations et aux nouvelles technologies. Selon le Secrétaire Exécutif, Ousmane Faty Ndongo, il ne suffit plus d'alphabétiser les adultes, il faut aussi leur donner la capacité d'utiliser l'outil informatique. Selon lui, le problème des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) en Afrique se résume aux trois contraintes suivantes :

  • manque d'infrastructure,
  • manque de contenu accessible (et d'intérêt pour les usagers africains),
  • manque de compétences.

     C'est pour ces raisons que l'ANAFA a cherché, par son programme Alf@net débuté en 2000, à enseigner à des femmes récemment alphabétisées en langues nationales (par exemple le Wolof) comment se servir d'un ordinateur de manière à produire du contenu Internet en langues nationales. De plus, l'association est en train de traduire son propre site web en Wolof.

ALF@NET

     Le programme Alf@net dispose de son propre site, en cours de construction : http://www.alfanet.anafa.org

     43 femmes et 2 hommes originaires du milieu rural ont été ainsi alphabétisés. Le programme a aussi permis la mise en place d'un didactitiel en langues nationales, facilitant l'accès à l'outil informatique . Le site regroupe des interfaces en langues nationales.

     Le programme Alf@net a aussi pour but de réduire la fracture numérique que connaît l'Afrique. En effet pour les membres de l'association, cette fracture ne peut se réduire ni au manque d'ordinateurs ni à un réseau électrique peu fiable. Le grand problème des populations locales réside aussi dans une absence de contenu en langues nationales. En effet peu de sites sont en wolof, pulaar, mandingue…

Activités et Formations

     L'ANAFA a mis en place ces dernières années différentes formations touchant un public assez large :

  • maintenance informatique pour les jeunes du quartier afin de leur permettre notamment de trouver un travail,
  • formation de femmes à la teinture en Batik dans le quartier Médina, un des quartiers les plus pauvres de Dakar,
  • 10 commerçants du marché ont appris à ce servir de l'outil informatique pour chercher des renseignements sur les foires mais aussi gérer leur stock,
  • micro-jardinage,
  • éducation, formateurs en alphabétisation.

     Les membres de l'association bénéficient eux-mêmes de formations proposées par des ONG. Récemment certains ont ainsi pu apprendre à se servir d'une caméra puis transmettre cette connaissance aux autres membres de l'association.

     En 2003, l'ANAFA avait été à l'origine d'un programme de citoyenneté testé dans une école qui a semblé avoir des effets positifs mais qui a dû être arrêté faute de financement, l'Etat n'ayant pas souhaité continuer. L'association a aussi réalisé une traduction et une publication d'un document de référence du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique) en 6 langues nationales afin de recueillir les avis des populations, et a ensuite transmis un document récapitulatif à la présidence.

     Les sections régionales proposent des activités différentes selon leur localisation en fonction besoins des populations :

  • programme Sésame dans la région de Kaolack en faveur des agriculteurs,
  • création de 2 micro-barrages pour sécuriser la production des femmes à Koungeul,
  • rénovation des infrastructures scolaires à Fatick en association avec d'autres ONG,
  • réalisation de deux nouveaux documentaires sur le thème de l'excision.

     Le manque de financement des projets semble être un problème fréquent pour cette association qui bouillonne d'idées.

Partenaires

  • Etat sénégalais :
    • 10 millions de FCFA octroyés par le Ministère de la Famille et de la Petite Enfance.
    • Projet d'Amenagement et de Développement Villageois (PADV), 2003-2004, Louga.
    • La section femme d'ANAFA participe à des réunions avec le ministère de l'éducation.
  • Autres partenaires :
    • JICA (à Kaolack une ONG japonaise) ; USAID ; DVV ; OSIWA ; Fondation F. EBERT ; Alternatives Canada ; CECI ; CONGAD (Conseil non Gouvernemental d'Appui au Développement) ; ICAE (International Council for Adult Education)
    • MSH Sénégal ; Forum Social Sénégalais
  • Ancien partenaire : Oxfam GB : (en 2000, financement de 500 000 FCFA/an pour trois ans). Résultats du programme triennial 2000/2004 ( réalisation d'une étude nationale sur les potentialités et les contraintes du micro-crédit destiné aux femmes, formation de 7 formateurs et de 72 femmes en batik, 3 centres d'information et de médiation socio-juridique (CIMES) à Thiès, Louga et St Louis, formation de 43 personnes dont 41 femmes néoalphabètes par le programme alf@net à l'utilisation de l'ordinateur en wolof, production de 6 documentaires). Aucun nouveau programme triennal n'a été mis en place avec Oxfam GB depuis la fin de ce programme mais ce partenariat a été fort utile pour l'association.

ANAFA et l'informatique

Les membres d'ANAFA formés à l'utilisation d'un blog

     L'ANAFA est une association déjà assez bien équipée avec un réseau informatique de 8 ordinateurs (2 ordinateurs ne fonctionnent plus depuis notre dernière visite) plus 8 pour les sections régionales, 3 micro-ordinateurs portables et 6 imprimantes. De plus les locaux de Dakar sont équipés du WiFi et d'une connexion internet filaire pour les ordinateurs non portables.

     L'association dispose déjà d'un site web entretenu par des volontaires canadiens et certains membres de l'association. Nous avons dispensé une nouvelle formation pour gérer le blog en complément de celle donnée en 2006 et afin de relancer la mise à jour du blog. Les membres du comité de direction étaient particulièrement intéressés par la possibilité, au sein du blog, d'alterner les billets en français et en wolof. La formation s'est bien passée, les deux membres formés étant habitués à manipuler l'ordinateur et internet.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.