Projet Alpha-Femmes

  • Quartier Kassaville, lot n°380 A
    2ème rue après le cinéma ABC
    BP 321
    Kaolack
    Sénégal
  • (221) 941 45 55
    (221) 941 80 00
  • (221) 941 45 50
  • Dernière rencontre : Décembre 2003

     Nous avons été accueillies dans les locaux d'Alpha-Femmes, en cours de rénovation. C'est Abdoul Aziz Mbodj, coordinateur du programme, qui nous a expliqué les objectifs de l'organisation.

Résumé du projet

     Alpha-Femmes, en respectant les priorités du gouvernement sénégalais en matière d'éducation de base, vise à améliorer l'accès des femmes à l'alphabétisation, c'est-à-dire à faire baisser le taux d'analphabétisme féminin.
Son but est de proposer un programme d'alphabétisation de meilleure qualité en milieu rural, surtout en ce qui concerne la pérennité des acquis et leur utilisation pratique.

Origine

     C'est un projet du gouvernement sénégalais, appuyé par l'Allemagne par l'intermédiaire de la GTZ, l'agence d'exécution de la coopération allemande, qui a débuté en 1996.
Ce programme a été initié suite aux assises organisées en 1996 à Kaolack sur le thème de l'alphabétisation. Le constat au sortir de ce rassemblement était accablant : le taux d'analphabétisme atteignait 73% au Sénégal et concernait plus de 80% des femmes. Le gouvernement sénégalais a donc cherché des solutions pour y remédier.
Deux défis étaient lancés : il fallait faciliter l'accès à l'alphabétisation, notamment aux filles, et améliorer la qualité de cette alphabétisation.

     La coopération technique allemande a été en charge de l'aspect qualitatif.

     Deux volets ont été expérimentés :

  • le volet « femmes », qui préconisait l'alphabétisation des femmes,
  • le volet « alphabétisation des élus et notables locaux » dans le cadre de l'accompagnement de la décentralisation.

Objectifs du projet Alpha-Femmes

     Le projet Alpha-femmes est donc né du volet « alphabétisation des femmes ». Il s'intègre dans une approche du développement prônée par la Direction de l'Alphabétisation et de l'Education de Base, visant à la fois à la transmission d'un savoir-faire (connaissances et compétences) et d'un savoir-être (attitudes et comportements).
La région de Kaolack/Fatick a été choisie comme région test.

     La promotion sociale et économique des femmes ainsi que leur autonomisation constituent les objectifs essentiels du projet Alpha-Femmes. Pour cela, l'alphabétisation (apprentissage de la lecture, de l'écriture, du calcul axé sur la gestion et adapté à la vie de tous les jours) a été retenue comme moyen de parvenir au développement des femmes (et non comme objectif final).
Il ne s'agit donc pas uniquement de lancer un nouveau programme d'alphabétisation fonctionnelle. Des activités génératrices de revenus sont également mises en place au sein de ces programmes. En effet, lors de ces classes d'alphabétisation, les formateurs aident les femmes à se constituer en GIE (Groupement d'Intérêt Economique) de manière à obtenir une reconnaissance juridique et faciliter ainsi leur accès aux structures financières locales. Cela leur permet alors de monter des projets et de choisir une activité pertinente pour le milieu où elles évoluent et pour l'ensemble du groupe. Un diagnostic économique préalable au choix de l'activité est donc réalisé.

     De petits financements leur sont également alloués pour développer le projet retenu. Certains d'entre eux ont actuellement le vent en poupe : l'embouche, le développement de banques céréalières ou d'une activité de commerce.
La plupart des activités développées à la suite des classes d'alphabétisation sont pérennes. A la demande des femmes, le projet Alpha-femmes continue à les encadrer.

     Les bénéfices engendrés par ces projets peuvent être réinvestis à titre personnel ou mis en commun. Des tontines sont également parfois mises en place.

     Le programme comporte aussi un volet éducatif. En effet, les classes d'alphabétisation sont aussi l'occasion de convaincre les femmes de l'importance des visites prénatales et de la couverture vaccinale, ainsi que de la nécessité de scolariser leurs enfants, mais surtout de les laisser au moins finir le cycle primaire. Ainsi, les femmes alphabétisées vont désormais lutter contre l'analphabétisme, notamment celui qui touche leurs propres filles. Le coordinateur nous a expliqué que pratiquement tous les enfants des femmes suivant les cours d'alphabétisation étaient scolarisés.

Quelques éléments concernant les classes d'alphabétisation

     Les classes d'alphabétisation du projet Alpha-Femmes comportent 25 à 35 femmes, mais ce chiffre a pu atteindre 82. Le cycle se compose de trois niveaux et représente un volume horaire de plus de 400 heures réparties sur 3 ans. Les participantes déterminent elles-mêmes leurs jours de cours, de congés et les thèmes fonctionnels à développer.

     Le but est de faciliter l'accès à un environnement lettré en wolof. Ce programme touche principalement des femmes vivant en milieu rural ou périurbain, de 15 à 45 ans, qui ne savent ni lire, ni écrire, et qui appartiennent à des groupes de femmes ou souhaiteraient y appartenir, mais surtout, qui veulent être alphabétisées.

     Des femmes ou des groupes se présentent dans les classes d'alphabétisation généralement suite aux campagnes de sensibilisation organisées dans les villages par le projet Alpha-Femmes. Les habitants du village mettent alors en place un abri pour accueillir ces classes de femmes tandis que les livres, le mobilier et l'indemnité forfaitaire versée aux formatrices sont pris en charge par le projet.

     Alpha-Femmes appuie également des associations qui veulent développer des classes d'alphabétisation.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.