CIJ - Centre d'Informations Juridiques du RADI

  • Immeuble Caritas
    BP 365 Kaolack
    Sénégal
  • (221) 941 3295
  • Dernière rencontre : Août 2009

     En 2003, nous avons été reçues à Kaolack par Mme Ndèye Gnilane Faye, coordinatrice du RADI / Kaolack, que nous avons formée à la programmation web. Nous sommes retournés voir l'association dans son nouveau local en août 2009 et nous avons formé la secrétaire Mme Absatou Diop Ba au blog.

Objectifs

  • global : Le CIJ, à travers un programme juridique, vise à améliorer les conditions socio-économiques des plus démuni(e)s en mettant à leur disposition les connaissances et compétences nécessaires au respect de leurs droits.
  • spécifiques :
    • vulgariser le droit,
    • aider les populations à connaître leurs droits et devoirs,
    • faciliter l'accès à la justice pour la défense de leurs droits.

Domaines de compétences

     Les services offerts par les juristes du centre sont de plusieurs ordres :

  • consultations juridiques : mariage, divorce, obligation alimentaire, constitution de GIE, succession, Etat-civil, etc…
  • assistance judiciaire : affaire pénale, détention provisoire, etc…
  • promotion des droits de la femme : droits et responsabilités des femmes
  • promotion économique de la femme : accès au système d'épargne et de crédit, investissement, gestion de crédit, etc…
  • décentralisation
  • information, éducation, communication

Groupes-cibles

     Ils sont principalement constitués par les populations démunies :

  • femmes qui, du fait des « pesanteurs » de la société, voient leur situation juridique marginalisée,
  • jeunes qui, pour la plupart, ignorent les textes de lois,
  • prisonniers de droit commun victimes de longues détentions provisoires.

Moyens d'action

  • conférences
  • causeries
  • entretiens
  • conseil / assistance juridique
  • cliniques mobiles
  • formation de parajuristes
  • édition de brochures
  • élaboration de modules de formation juridique
  • confection de documents juridiques
  • centres de documentation
  • média-mix.

Production

  • brochures sur l'Etat-civil, le mariage, le divorce, l'obligation alimentaire, les cérémonies familiales, le GIE…
  • cassettes vidéo sur des thèmes juridiques
  • sketchs télévisés
  • émissions radio

18 décembre 2003 : Causerie juridique organisée par le RADI auprès du groupement Bokk Dieuf

     Un passage à l'improviste au bureau du RADI / CIJ (Centre d'Informations Juridiques) de Kaloack nous a permis d'assister à une causerie juridique organisée dans le quartier de Sam.

     Socé Diouf, parajuriste formée par le RADI, nous a conduites chez la présidente du groupement Bokk Dieuf qui rassemble 40 membres. Depuis juin 2003, ces femmes, quasiment toutes mariées, se réunissent au moins une fois par semaine et versent 300 F CFA tous les jeudis, ainsi que divers produits de la vie quotidienne (savons, huile, tissus…) pour constituer une tontine. La « mise » hebdomadaire est alors reversée à l'une d'entre elles par tirage au sort.

     Le RADI collabore avec les groupements de femmes de la ville en organisant des causeries sur des thèmes d'actualité ou des sujets plus spécifiquement liés aux femmes. Ce 18 décembre, la discussion porte sur « les effets du mariage ». Seules onze femmes sont présentes, car un baptême dans le quartier retient une bonne partie des membres.

     Elles sont assises sur une natte dans la cour de la maison et Socé annonce les objectifs de la causerie : « identifier les droits et les devoirs des deux mariés, leur permettre de mieux accomplir leurs devoirs et éviter la déstabilisation du ménage ». Elle définit le mariage comme l'union entre deux personnes, un homme et une femme, qui s'aiment et décident de vivre ensemble pour le reste de leur vie. Elle énumère ensuite les trois obligations fondamentales à respecter : obligation de cohabitation, obligation de secours et d'assistance, obligation de fidélité.

     Chaque femme prend ensuite part à la discussion en apportant son témoignage, en donnant son opinion, suscitant parfois les rires des autres femmes. Nous ne comprenons pas le wolof, mais Socé prend le temps de rendre compte en français des différentes interventions. A l'issue de chaque causerie, la parajuriste doit en effet rédiger un procès verbal qui sera répertorié et analysé par le RADI.

     Pour chaque point développé, nous rapportons à gauche les préconisations de la para-juriste, à droite les réactions des femmes.

Obligation de cohabitation

     Par le mariage, les époux s'obligent à vivre ensemble, à avoir des relations intimes et à se donner respect et affection.
En cas de polygamie, l'époux a l'obligation de cohabiter aussi longtemps avec l'une et avec l'autre. Les épouses doivent en outre être traitées sur un même pied d'égalité.
Le domicile de cohabitation est le « domicile conjugal ».
Le mari choisit le domicile conjugal et la femme est tenue d'y vivre sauf si la maison présente des dangers (par exemple : menaces, disputes, bagarres, risques de blessures…) mais elle doit avoir l'autorisation du juge pour quitter le domicile conjugal.

     Certaines femmes ne conçoivent pas d'amener leur mari devant un tribunal mais Socé leur explique qu'elles ne peuvent risquer de quitter leur foyer sans démarche juridique sous peine d'être poursuivie pour « abandon de famille ». Elle leur dit également que c'est le mari qui a droit de décision pour le choix du lieu de résidence du couple.

     Nous vous livrons quelques remarques des femmes :
« Si la femme aime bien son mari, elle doit le suivre, même s'il y a des difficultés. »
« Je veux bien aider et suivre mon mari mais je n'irai pas jusqu'à mourir pour ça ! »

Obligation de fidélité

     Les époux ont une obligation réciproque de fidélité. L'infidélité peut prendre des formes multiples et constituer une cause de divorce.

     « C'est dans la nature de toute personne d'être infidèle : il y a des hommes qui peuvent épouser la plus belle femme du monde, ça les empêche pas de courir. Et c'est pareil pour les femmes. »
Mais ce point fait débat : « Je préfère l'infidélité des hommes que celle des femmes car l'enfant imite sa mère. »
D'autre part, « l'infidélité peut causer le divorce ou des conflits entre les époux. »

Obligation d'assistance et de secours

     Chaque époux doit fournir à l'autre ce dont il a besoin pour son entretien et sa survie (aliments, habits, paix) et l'assister sur le plan médical.
Les deux époux ont, vis-à-vis de leurs enfants, l'obligation de les entretenir (nourriture, santé, habillement et éducation).
Les époux sont passibles de sanctions s'ils ne respectent pas leurs obligations familiales.

     « Tous les hommes doivent assister leur femme car la femme a moins de forces et de moyens. »
« C'est l'homme qui l'a prise chez ses parents, alors il doit s'occuper d'elle. »
Une griotte intervient pour dire que, chez elle, il y a partage des dépenses : « Si le mari donne la dépense du déjeuner, je donne la dépense du dîner. »
Une autre raconte : « Dans ma maison, je m'occupe de tout, le mari ne travaille pas. »
« Les hommes sont parfois violents et les femmes sont fatiguées, les hommes ne les aident pas. »
Pour les dépenses occasionnées par les cérémonies, les hommes refusent souvent de participer et ce sont les femmes qui s'entraident pour assurer les réceptions de baptême et de mariage.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.