Nous avons rencontré les membres de la FEE à trois occasions, la première en décembre 2003, la deuxième en hiver 2006 et la troisième lors de notre passage en août 2009. A cette occasion, Omar, un jeune instituteur, nous a présenté cette association pleine d’initiative et de dynamisme.
Lors de notre première visite en décembre 2003, nous avons été reçues au siège de l’association par Anta Faye, Mansour Sow et une autre membre active, tous trois intéressés par une formation à la programmation Web. Nous avons donc consacré plusieurs jours à former Anta, la responsable de la Mutuelle.
Nous avons travaillé avec la FEE de nouveau pendant notre second voyage au Sénégal en février 2006. Accueillies au siège par Mansour Sow, Ousmane NDiaye, Aliou NDong et Thérèse Diouf, nous avons discuté des développements récents à l'intérieur de l'association. À la suite de cet entretien, nous avons formé Mansour en blog. Nous avons également passé un après-midi avec Ousmane et Mansour qui nous ont montré le Centre d'Accueil de la FEE ainsi que des travaux agriculturaux et des villages ciblés par l'association aux alentours de Fatick.
Ces visites nous ont permis de mieux appréhender le contexte socioculturel rural de la région du Sine dont les femmes et les enfants sont souvent les premières victimes.
En 2009, lors de notre troisième rencontre, nous avons passé deux après-midi devant un ordinateur avec Madame Ngara, chargée de programme, et avec Madame Adama Ndiaye, pour réactiver leur blog, délaissé depuis le dernier passage de Courants de Femmes.
Nous avons pu constater que les activités de la FEE ont beaucoup évolué depuis 2006, mais, visitant l’association en période de vacances, nous n’avons pu assister à aucune d’elles.
La FEE est une ONG à but non lucratif. Créée en 1990, cette association est surtout active dans la commune de Fatick. Elle regroupe 400 femmes de Fatick et des villages environnants.
Formation au blog en août 2009
L'équipe de la FEE est composée d'une dizaine de membres, tous salariés. Elle regroupe un spécialiste des digues (technicien en génie rural), un agent des eaux et forêts, un horticulteur, une coordinatrice, une secrétaire, un comptable...;
Pour définir ses différents programmes, la FEE adopte la MARP, Méthode Active de Recherche Participative qui consiste en une enquête de terrain permettant de définir les besoins et les contraintes auxquels sont confrontés les habitants des villages étudiés. Suite à ces études, la FEE définit les objectifs à atteindre et les projets à mettre en place avec la population.
Pensionnaires du centre d’accueil
A Pokham, village situé à 2 kms de Fatick, la FEE a participé à un projet international intitulé Enfants et Jeunes Travailleurs en aidant les enfants à obtenir des extraits de naissance, nécessaires à leur scolarisation. Le projet a été financé par l’ENDA et les deux campagnes ont non seulement permis d’augmenter le taux de scolarisation mais aussi d'entraîner la construction d’une école de cinq classes à Pokam.
Depuis 2006, avec l’aide de ENDA, la FEE a offert à ces Enfants et Jeunes Travailleurs, désormais autonomes, un local, adjacent aux bureaux de l’association. La FEE continue cependant à les suivre et à les encadrer de loin.
La FEE a mis en place un centre d’accueil pour jeunes filles scolarisées au lycée. Les filles de la région de Fatick se voient souvent contraintes de quitter l’école (si toutefois elles y sont inscrites) pour gagner la capitale à la recherche de travail domestique. De tout le Sénégal, c'est le département de Fatick qui envoie le plus grand nombre de jeunes filles à Dakar. Ce pensionnat a une capacité d’accueil de trente lits et fonctionne grâce aux contributions des parents d’élèves à hauteur de 20000Fcfa pour l’inscription et de 10000Fcfa par mois, du conseil régional et de la mairie de Fatick, ce qui ne suffit toutefois pas à couvrir les dépenses du centre. Lors de notre dernière rencontre, l’association était en phase de réflexion pour mettre en place la meilleure formule qui soit pour la gestion du centre.
Ce programme de bourse couvre actuellement 26 écoles (21 écoles primaires et 5 écoles secondaires), avec plus de 700 boursiers, principalement des jeunes filles. Ce programme est soutenu par l’association des mentors, anciens bénéficiaires des bourses, qui sensibilise les populations et participe activement aux programmes d’éducation de la FEE.
La FEE a par ailleurs agi dans les domaines de l’alphabétisation, de la sensibilisation aux MST, de la santé.
L'association menait, en 2005 un programme de soutien aux "talibés". Ces petits garçons de 5 à 15 ans sont confiés par leurs parents démunis aux marabouts pour apprendre le coran mais passent souvent leurs journées à mendier dans les rues. 5 de ces petits de la Commune de Fatick recevaient des cours d'alphabétisation ainsi que des notions d'hygiène et de santé au siège de la FEE, qui essayait aussi d'intégrer ces garçons au niveau des ateliers pour qu'ils puissent éventuellement apprendre un métier. Elle avait recruté un enseignant bilingue - en arabe et en français - à cette fin. L'hébergement de ces enfants restait cependant, toujours la responsabilité de leurs marabouts.
Digue anti-sel
C’est la seule activité liée à l’environnement qui a continué d'être menée depuis notre rencontre en 2006. Dans Fatick même, la FEE a fait construire une digue anti-sel dans le quartier de Ndiaye Ndiaye où l’avancée du sel empêchait la création d’une rizière. La FEE a ensuite constitué une association des exploitants de la vallée (AEV) regroupant des éleveurs, des aviculteurs et rizicultrices et chargée de gérer la rizière. Les femmes s’occupent ainsi de leurs terrains rizicoles, et les profits qui en sont tirés leur reviennent entièrement.
Caissière de l’ancienne mutuelle
La fin des bailleurs et les contraintes financières (salaires, charges fixes, carburant, fonctionnement du centre d’accueil…) qui pèsent sur l’association ont contraint la FEE à ouvrir des boutiques d’alimentation générale et de quincaillerie générale, à mettre en place un GIE de location de chaises et de bâches sur Fatick. Ces revenus ne suffisent quand même pas vraiment à couvrir toutes les dépenses de l’association.
La FEE appartient au réseau WILDAF (qui œuvre en défense des droits des femmes) depuis le 7 août 2009. Membre du comité de direction nationale, elle représente ce réseau panafricain, dont la direction est au Bénin, à Fatick en tant qu’antenne régionale. ENDA les a aidés à installer la structure des Enfants et Jeunes Travailleurs.
La banque Mondiale les soutient financièrement pour le fonctionnement du centre d’accueil ; il en va de même pour World Education, qui les finance à hauteur de 50000Fcfa par jeune fille hébergée.
C’est surtout avec l’USAID et avec World Education que la FEE travaille, pour le fonctionnement du programme AGSP.