RECEC - Réseau des Caisses d'Epargne et de Crédit des Femmes de Dakar

Rencontre avec l'équipe du RECEC en 2009

     En novembre 2003, Mme Seynabou Diop nous a reçues dans les nouveaux locaux du RECEC. C'est l'ONG internationale ENDA qui nous a permis de rencontrer les acteurs de cet organisme de microfinance : Seynabou Diop, la coordinatrice, Kotoring Touré, contrôleur, et Ndella Dieng, agent de crédit. Rapidement, nous avons décidé de commencer une formation à la programmation web auprès de Mariam, employée du RECEC. Nous avons donc pu les aider à réaliser leur site.

     Lors de notre deuxième visite en janvier 2006, nous avons surtout discuté avec Cécile Vanderstappen, la coopérante belge de l'association qui s'occupe de la communication, et avec Mme Seynabou Diop. Nous avons également créé le blog de l'organisation.

     Nous sommes revenues voir cette association en juillet 2009.

Création et évolutions

     Fondée en 1987, la première Caisse d'Epargne et de Crédit des Femmes voit le jour dans le quartier de Grand Yoff, avec l'appui de l'ONG ENDA-GRAF. Cent trois femmes réparties dans treize groupements sont à l'origine de cette première étape dakaroise pour faciliter l'insertion économique des femmes.

     Progressivement, les quartiers de Grand Dakar, de la Medina et de Ouakam se dotèrent à leur tour de Caisse d'épargne et de crédit destinées aux femmes. Mais depuis 1998, l'augmentation du nombre de Caisses rendait nécessaire la création d'une instance de coordination. En 2002, le Réseau était mis en place.

     En juin 2003, le Réseau comptait 28 000 membres, principalement féminins. Il existait, en 2006, 16 Caisses d'Epargne et de Crédits et 52 guichets à Dakar et dans les alentours. L'association envisage de créer deux nouvelles caisses à Thiès et à Tambacounda dans le courant de l'année 2006. En terme de sociétariat, le RECEC est le 5ème plus grand réseau de micro-finance.

Contexte

     Avant 1987, les femmes étaient confrontées à des difficultés d'accès aux services bancaires, et souffraient de la précarité de leurs revenus, d'une dépendance vis-à-vis des usuriers, de mauvaises gestions de tontines. La création de ces Caisses d'Epargne et de Crédit reflète « un besoin qui dormait dans les quartiers et que les femmes de Grand Yoff ont réveillé » puisque de 103 femmes en 1987, l'effectif est passé à 28000 membres aujourd'hui.

Objectifs

     Organisme de solidarité à l'échelle locale, le Réseau vise à initier une réflexion des femmes pour résoudre leurs problèmes économiques grâce à une mobilisation des ressources du quartier. Il joue également un rôle de coordination et de contrôle entre les différentes structures.

Plusieurs niveaux d'intervention

  • Les Caisses d'Epargne et de Crédit sont administrées par des assemblées générales et des conseils d'administration et autogérées au niveau du quartier. Pour bénéficier de ces crédits, les personnes demandeuses doivent être membres de la mutuelle, en achetant une part sociale et respectant « l'esprit mutualiste » cher à la coordinatrice. Ils doivent également verser une caution de 1/5ème du montant demandé et habiter dans le quartier de la mutuelle à laquelle ils s'adressent. Les crédits accordés servent en général aux femmes pour démarrer des activités génératrices de revenu, telles que la teinture, la couture, la coiffure, la restauration, l'artisanat...
  • Implantés sur des marchés, les guichets, au nombre de 52, permettent de récolter la petite épargne tout en assurant un rôle social d'information et de réflexion avec les femmes. La multiplication des guichets vise à « se rapprocher encore plus des plus démunis ».
  • Le RECEC a également créé une coopérative de denrées alimentaires et une coopérative d'habitats pour permettre aux femmes d'accéder au foncier. C'est ainsi que, dans un premier temps, 70 personnes ont pu bénéficier de parcelles dans des zones d'habitation. Il s'agit maintenant d'arriver à un autre objectif : faire construire.

Les partenaires et réseaux

Formation avec Mariame en 2003

     Les différentes caisses, tout en étant autonomes, échangent et s'auto-renforcent dans la réflexion à travers un réseau dont l'épicentre est la caisse de Grand Yoff logée dans les locaux d'ENDA-GRAF.

     Le Réseau agit en partenariat avec l'USAID qui a participé au financement des ordinateurs et à leur mise en réseau, ainsi qu'à des sessions de formation en micro-finance et en entrepreunariat. Dans son fonctionnement, le RECEC doit tenir compte de ses limites financières ce qui explique la petite taille de l'équipe, dont les membres sont rémunérés. Il souhaiterait trouver de nouveaux partenaires afin de s'agrandir et surtout de pouvoir envoyer une équipe de contrôle sur le terrain.
Un partenariat avec l'association Courants de Femmes a permis la réalisation du site web du RECEC.

     Depuis 2003, le RECEC a renforcé ses liens avec DYNA une fédération d'entreprises sénégalaises financée par l'USAID. Ce partenariat a permis de former les caissières en gestion et en bureautique dans le but de renforcer leurs capacités professionnelles et leur ‘esprit d'entreprise'. DYNA a aussi mené une évaluation du RECEC.
L'association touche également désormais des financements du Fonds de Promotion Economique provenant de l'Etat sénégalais.

     Fin janvier 2006, le RECEC envisageait de participer au sommet de l'Internationale Humaniste, qui se déroulera en Afrique pour la première fois, autour du thème de la "Non-Violence". Le RECEC estime que ses membres pourraient y bénéficier d'une formation pour mieux gérer les violences survenant aux caisses ou au foyer.

Les résultats

     Grâce aux activités génératrices de revenus (petit commerce, teinture, couture, coiffure, restauration, artisanat) soutenues par les crédits, les femmes peuvent contribuer de manière significative aux charges de la famille, notamment à l'éducation des enfants, l'équipement, les soins de santé, l'alimentation. Certaines d'entre elles vont plus loin en occupant la place de leader politique dans leur quartier ou leur communauté de base.

Les contraintes

     A l'origine, la caisse de Grand Yoff supportait toutes les charges des caisses périphériques avec l'appui d'ENDA-GRAF. Aujourd'hui, chaque caisse périphérique commence à supporter une partie des charges telles que les fournitures à partir de la 3éme année de démarrage.

     Ainsi, la difficulté majeure à laquelle le réseau est confronté est l'autonomie des caisses : comment concilier la satisfaction des besoins en crédit des couches les plus pauvres de la société et faire face aux différentes charges induites par le développement des caisses?

     Le réseau doit aussi faire face à d'autres types de contraintes :

  • Maîtrise limitée des outils ou des connaissances en gestion (niveau scolaire souvent moyen à faible) ;
  • Faible implication des organes de contrôle et d'administration ;
  • Analphabétisme des membres des organes ;
  • Sous liquidité des caisses ;
  • Inadaptation des taux d'intérêt proposés par les partenaires ;
  • Déficit de communication.
Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.