PFDS - Promo-Femmes Développement Solidarité

  • 01 BP 2532
    Ouagadougou 01
    Burkina Faso
  • (226) 36 96 94
  • (226) 36 96 95
  • Dernière rencontre : Mars 2004

     Le 1er mars 2004, Clémentine Ouedraogo nous a reçues dans les locaux de son association dans le quartier des 1200 Logements. Derrière son bureau sur lequel s'entassent des dossiers, la directrice des programmes de Promo-Femmes Développement Solidarité expose avec dynamisme et clarté les fondements de son organisation, l'une des premières structures de promotion féminine du Burkina Faso. Son engagement pour les femmes de son pays vient d'un « traumatisme » vécu dans le cadre de son métier d'infirmière : une jeune fille, mariée trop jeune (11 ou 12 ans) a dû être hospitalisée à la suite de sa nuit de noces avec une grave fistule. Révoltée devant ce fait accompli, Clémentine a décidé de prendre une retraite anticipée et de mener un travail en amont : sensibiliser les populations sur les dangers de l'excision, des mariages forcés ou précoces.

     La pratique de l'excision a ici aussi des origines floues. Selon Clémentine Ouédraogo, on a tout d'abord affirm qu'une femme non excisée ne pouvait pas avoir d'enfants, ou bien que, considérée comme un homme, elle pouvait rendre son mari impuissant. Puis, on prétendait que si le clitoris touchait l'enfant, celui-ci mourrait…

Un organisme voué au plein épanouissement de la femme et de la jeune fille

     PFDS existe depuis 1989 en tant qu'organisation de développement. Auparavant, Clémentine était à la tête d'une structure de promotion du sport féminin. Car le plein épanouissement de la femme et de la jeune fille signifie tout d'abord pour elle un épanouissement physique, mais aussi la connaissance de ses droits, l'absence d'oppression, la capacité à se défendre, le fait de pouvoir manger à sa faim et dêtre instruite. Clémentine Ouédraogo nous explique que son organisation est souvent instigatrice de nouveaux programmes et que c'est au sein de PFDS que naissent de nombreuses idées exploitées ensuite par l'ensemble de la société civile.

     Pour elle, en matière de développement, l'Etat et la société civile adoptent deux démarches différentes : l'approche plus « micro » de la société civile vise plus particulièrement la sensibilisation des populations et limite la non-efficacité de certains projets de développement. Il est arrivé que de grands programmes nationaux aient permis de nombreux forages et la construction de puits dans des villages. Mais sans être consultés, ni même informés de l'importance d'une eau saine, les villageois ne buvaient pas de cette eau...

La démarche de PFDS auprès des groupements féminins de base

     PFDS regroupe plus de 5600 femmes de toutes catégories sociales, réparties dans 61 groupements de femmes de quatre provinces burkinabé (Bazèga, Bulkiembé, Oubritenga, Kadiogo) et une quarantaine de femmes d'origine urbaine. La majorité sont des groupements ruraux, auprès desquels l'organisation mène ses activités sociales et sanitaires. En ville, un groupement féminin a été formé et transformé en troupe de thâtre qui monte maintenant des spectacles de sensibilisation et organise des « thâtre-forums ».

     PFDS compte aujourd'hui 21 salariés permanents qui élaborent les projets, recherchent les financements, coordonnent les activités. Huit animateurs du PFDS sont constamment sur le terrain, en contact avec les groupements de femmes, pour évaluer leurs besoins et y répondre :

  • Organisation de formations pour développer des activités génératrices de revenu (gestion, santé, marketing, droits de la personne, environnement…) ;
  • Organisation de cours d'alphabétisation fonctionnelle ;
  • Organisation de sessions de sensibilisation (violences faites aux femmes, excision, hygiène, droit…) ;
  • Création de trois centres d'écoute pour l'appui, l'orientation et l'accompagnement des femmes victimes de violence ;
  • Mise en place d'un organisme dépargne-crédit.

      L'alphabétisation est aujourd'hui en grande partie prise en charge par le Ministère de l'Alphabétisation et de l'Enseignement de base et les financements extérieurs ne passent plus que par l'Etat. PFDS a donc mis fin à ses activités dans ce domaine.

     L'association travaille dans le cadre de programmes de financements triennaux. Elle achève actuellement les activités de formation et de sensibilisation axées sur la citoyenneté, qui se sont tenues dans le cadre d'un programme financé par l'Union Européenne. Les membres de PFDS ont expliqué aux femmes l'importance des papiers détat civil et ont délivré des jugements supplétifs d'actes de naissance. En partenariat avec le WiLDAF, l'association a également participé à l'organisation d'un mariage collectif à Lougsi de plus de 60 couples. Souvent, les mariages sont coutumiers ou religieux et dans ce cadre, les droits de la femme ne sont pas respectés.

En perspective

     Clémentine Ouédraogo mesure aujourd'hui l'importance de pérenniser les formations et les sensibilisations avec l'appui « d'animatrices endogènes » au sein même des groupements et capables de prendre en charge les activités sociales auprès d'autres organisations de femmes.

     Pour la présidente de PFDS, un changement capital a pu être observé là où travaillent les animateurs de l'association. Menant des activités qui rapportent et ayant accès à un certain degré de connaissance, les femmes gagnent en crédibilit auprès de leur mari. Ceux-ci consultent désormais systématiquement leur(s) épouse(s) pour prendre des décisions relatives à la famille. Beaucoup de femmes alphabétisées acceptent de prendre des responsabilités au niveau local : à la grande fierté de Clémentine Ouédraogo, une de ces femmes est membre du tribunal départemental, une autre est désormais une des représentantes nationales des paysans.

Des partenaires financiers et des réseaux d'entraide de la société civile

     Des bailleurs de fonds internationaux soutiennent le travail de PFDS : Solidarité Canada Sahel, Christian Aid, Save the Children
La présidente de PFDS est également présidente fondatrice du Réseau interafricain francophone pour le droit et la lutte contre les violences faites aux femmes. PFDS est par ailleurs membre de IAVE (International Association for Volonteer Effort), du réseau WiLDAF, de l'AIF (Alliance Internationale des Femmes), du Comité National de Lutte contre la Pratique de l'Excision, du Comité National de Lutte contre le SIDA et du réseau des ONG africaines pour l'Environnement (ANEN)...

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.