COFEM - Collectif des Femmes du Mali

Devise : « Information, formation, appui technique »

     Nous avions rencontré deux membres du bureau du COFEM une première fois en janvier 2004 : la secrétaire générale adjointe, Mme Yaba Tamboura et la secrétaire générale, Mme Salimata Tamboura. Par la suite, nous avons dispensé une formation en programmation web auprès de trois membres de l'association.
Nous les avons rencontrées une seconde fois en août 2005 et avons repris les formations HTML. L'association était demandeuse de cette nouvelle formation, un de ses bailleurs de fonds lui ayant posé comme condition du financement d'un de ses projets la publication régulière sur Internet de l'avancement de celui-ci. Cela signifie que le COFEM a besoin d'un site Internet mis à jour régulièment... Une mission parfaite pour Courants de Femmes!
Malheureusement, en juillet 2006, le site n'avait toujours pas été remis à jour. Nous les avons donc rencontrées à nouveau, et leur avons proposé un renforcement en HTML. Les membres formés les années précédentes n'étant pas disponibles, c'est la présidente qui a suivi la formation. Cependant, son but n'était pas la mise à jour du site créé avec Courants de Femmes, mais d'un autre site internet dont dispose le COFEM. Nous avons également formé à la bureautique la première secrétaire à l'organisation.

Historique

     Le COFEM est l'une des plus anciennes organisations de femmes maliennes. Il existe depuis 1991 et s'est inscrit dans « le vent démocratique » qui a soufflé au Mali à la suite des événements de 1991. Avant cette date, les femmes se rassemblaient dans des structures plus ou moins clandestines. Mais toujours, elles poursuivaient le même objectif : « promouvoir l'épanouissement des populations féminines en assurant leur information civique dans le but de leur participation effective à la vie politique, économique, sociale, culturelle et plus généralement au développement du pays ».

Structure et organisation

     L'association est divisée en deux comités : un comité d'orientation, formé de six bénévoles, et un comité exécutif, qui réunit 10 membres bénévoles et un permanent. Les adhérents du COFEM sont en fait des groupements. Ils sont considérés comme des antennes, et sont au nombre de 27 (dont un en Mauritanie).

Faire prendre conscience aux femmes de leur importance sociale

     A l'origine, les femmes qui ont mis en place ce collectif entendaient « conscientiser les femmes à la nécessité de se prendre en charge et de s'organiser », leur faire comprendre qu'elles pouvaient « influer, influencer et changer les conditions de vie dans lesquelles elles se trouvent ». Afin de mieux diffuser ces idées auprès des personnes défavorisées, les femmes du COFEM ont élargi leurs activités : elles se positionnent aussi aujourd'hui comme intermédiaires entre les groupements de femmes et les bailleurs de fonds.
Un bon exemple de ce rôle d'intermédiaire est le projet qu'elles ont lancé à l'automne 2005 ; l'Union Africaine a mis en place le "Nouveau Partenariat en Afrique pour le Développement" (NEPAD), qui est un vaste plan de développement au niveau du continent, avec des objectifs élevés : lutte contre la pauvreté, politique en faveur de la santé et de l'éducation... Or, comme nous l'a dit la présidente, « en Afrique, la plus touchée par la pauvreté, c'est la femme ». Le COFEM a donc décidé d'expliquer aux femmes en quoi consistait ce partenariat et comment elles pouvaient espérer en tirer des bénéfices (micro-crédits, mise en place de projets...). Dans cette démarche, le COFEM est soutenu financièrement par l'ambassade du Canada.

     Le COFEM a constaté qu'il lui était indispensable de promettre un soutien financier ou de mettre en œuvre des formations techniques permettant aux femmes de développer des activités génératrices de revenus et d'améliorer leurs conditions de vie, pour faire passer son message, et pouvoir ainsi les alphabétiser, les informer et les sensibiliser…

     Dans le domaine politique, le COFEM a mené des sessions de formation pour les femmes, d'une part pour développer leur conscience civique, et d'autre part pour soutenir directement les femmes qui souhaitent s'engager dans un parti et se présenter à des élections. Par exemple, lors des dernières élections régionales à Ségou, l'association a aidé les candidates à l'élection dans leurs démarches. Le COFEM estime que les femmes doivent être de plus en plus présentes dans les instances de décision. Son action repose sur la volonté d'informer les femmes sur leurs droits et devoirs en organisant des séminaires, des conférences, des rencontres, des débats, des sessions de formation et de perfectionnement pour la bonne exécution de leurs projets de développement socio-économique et culturel.

Promouvoir l'entrepreunariat féminin

     Le COFEM propose des formations techniques aux femmes des groupements, en teinture, maraîchage, couture… Par le biais de cours d'alphabétisation, le collectif permet aux femmes de mieux gérer et développer leur petit commerce ou de diversifier leurs activités. La création d'un fonds d'entraide et de garantie facilite l'intégration des femmes dans le circuit commercial.
C'est dans ce domaine que l'association a été la plus active récemment : elle a mis en place en 2004 et 2005 trois projets relativement similaires dans les villes de Tingolé et Macina ainsi que dans les quartiers bamakois de Dravela et de Bolibana. Dans ces deux villes, le COFEM a formé les femmes pour qu'elles puissent gérer des micro-crédits et leur a fourni un moulin grâce auquel elles dégageront les bénéfices sources de ces micro-crédits. Dans la capitale, ce sont des machines à coudre qui rempliront ce rôle. Ces activités génératrices de revenus ouvrent des opportunités aux nombreuses jeunes filles qui sortent de l'école sans qualification et qui habitent ces quartiers pauvres de Bamako : en plus de leurs visées économiques, ces projets ont une utilité sociale. Ils ont été financé par l'UNESCO et l'ambassade du Luxembourg.
Cette démarche prouve l'efficacité et l'utilité du COFEM auprès des organisations de femmes sur le terrain et rend légitime ses interventions et actions de sensibilisation et de formation.
Toujours dans l'optique de promouvoir l'entrepreunariat féminin, le COFEM a décidé en 2006 de se tourner vers les nouvelles technologies, à travers deux projets : des formations à la bureautique et à Internet d'une part, et des formations au fonctionnement des blogs d'autre part.

Faire pression sur les pouvoirs publics

     Le COFEM développe une autre approche qui consiste à présenter des plaidoyers pour faire « prendre conscience aux partis politiques, au gouvernement, aux pouvoirs publics et à toutes les couches de la société, de la nécessité de se pencher sur les questions de relations entre les sexes, en supprimant toute discrimination dans la répartition des tâches, des responsabilités et des revenus ».
L'organisation de promotion féminine est donc vigilante et dénonce toute « pratique aliénante, dégradante et méprisante » à l'égard des femmes et toute forme de discrimination, d'injustice et de violence à l'encontre des femmes.

Des partenaires et des réseaux

Sirandou et Yaba lors de notre seconde rencontre

     Le COFEM travaille en partenariat avec de nombreuses structures telles que la CAFO (Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali), Terre des Hommes-France, DCF CECI (Projet Droits et Citoyenneté du CECI Canada), USAID-Mali, Panos Paris, Winrock International, Inner Wheel (Rotary Club du Mali), Matrix. Comme la plupart des associations que nous avons rencontrées, le COFEM n'a pas de bailleur de fonds régulier, mais est financé projet par projet par différents organismes. Il possède également des fonds propres, qui résultent des cotisations et adhésions.

     Par ailleurs, les femmes du COFEM sont membres du réseau « Femmes et Internet » qui rassemble des organisations de la société civile en France, au Maroc, aux Pays Bas et au Mali. Elles considèrent qu'Internet constitue un outil de communication incontournable pour favoriser les échanges entre les femmes du Nord et du Sud ou du Sud vers le Sud. C'est pour cela qu'elles ont monté un projet de formation en bureautique et Internet de tous leurs membres qui devrait être se conclure par un séminaire dans les locaux de l'association débutant le 13 septembre 2008.

Depuis 2007, une difficulté constante pour trouver les fonds nécessaires aux nouveaux projets de l'association

     Le COFEM fait aujourd'hui face, comme beaucoup d'associations maliennes, à une difficulté croissante pour trouver des fonds. Des petits projets ont été réalisés en 2007, comme l'installation d'une presse à Karité dans l'annexe de Sibi ou des formations au tissage grâce au don de cinq métiers à tisser d'une ONG partenaire. Cependant aucun grand projet n'a pu être réalisé et les activités du COFEM ont été suspendues de septembre 2007 à août 2008.

     Fin août 2008, dans le cadre d'un projet NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Comunication) debuté en 2007 par des formations blog données à une vingtaine de femmes entrepreneurs , un intervenant de Planète Urgence est venu former les membres du bureau et des annexes qui le souhaitaient au montage de projet et à la budgétisation. Cette relance de l'activité de l'association est liée à la proposition récente de plusieurs projets, de la part du COFEM, à leurs partenaires.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.