Mme Sanogo, présidente de l'association
L'APAC est présente dans 16 pays d'Afrique francophone. Cette association existe depuis que s'est tenue en 1984 à Dakar une Conférence des Femmes Journalistes pour préparer la couverture de la rencontre de Nairobi.
A l'origine, les femmes voulaient créer un cadre de solidarité pour la promotion des femmes journalistes. A l'époque et encore aujourd'hui, le travail dans les médias était considéré comme un travail d'homme et les femmes avaient des difficultés à s'y positionner. L'APAC reste la seule association féminine concernant la communication et les médias. L'association poursuit parallèlement trois objectifs :
Au sein de l'APAC, certaines sections nationales font preuve d'un grand dynamisme. C'est le cas du groupe burkinabè présidé par la charismatique Mme Mafarma Sanogo, ancienne directrice de la Radiodiffusion du Burkina (RTB), et désormais chef de cabinet du Médiateur du Faso. Avant la création de l'APAC, elle se souvient que chacune se battait de son côté pour avoir une mission, pour qu'on lui confie des sujets. Au début, une femme faisant un métier en relation avec un public pouvait être considérée comme une "femme de mœurs légères". Dans les métiers de la communication, les femmes ont conscience qu'il faut être meilleure pour prouver par son travail que l'on mérite sa place au même titre qu'un homme.
L'APAC est donc née autour du souci des femmes professionnelles des médias de faire reconnaître leur statut de femmes journalistes, et de favoriser l'entrée de nouvelles femmes dans le métier, qui était jusqu'alors largement dominé par les hommes.
Avec le temps les objectifs de l'APAC ont évolué vers un champ d'action plus large, non plus limité aux seules femmes professionnelles des médias : favoriser l'accès aux médias et à l'information des femmes burkinabè.
L'association est présente dans tout le pays, mais les décisions sont décentralisées, après 20 ans d'existence d'associations régionales. La section ouest est par exemple autonome du bureau central situé à Ouagadougou. La communication entre les différentes sections est facilitée par l'usage d'internet. L'APAC compte aujourd'hui environ 70 membres et beaucoup de sympathisants, professionnels des trois médias les plus représentés dans le pays (radio, télévision, presse écrite).
L'APAC mène un travail quotidien pour valoriser les initiatives de promotion féminine. Couvrir médiatiquement les activités individuelles ou associatives menées en faveur des femmes reste l'objectif principal de l'association, notamment à travers la diffusion d'émissions radiophoniques sur des thèmes en relation avec les préoccupations des femmes burkinabè. L'association travaille désormais à la diffusion d'émissions similaires à la télévision, média qui touche de plus en plus les provinces du Burkina Faso.
L'APAC mène depuis 2005 une opération de pénétration du média radiophonique dans les villages et les endroits les plus reculés du Burkina Faso, baptisée "un groupement féminin, un poste radio". Le faible taux d'alphabétisation et le coût d'acquisition élevé d'un poste de radio limitent l'accès des femmes des villages à l'information.
Par ailleurs, une étude récente a montré que la radio était le média le plus populaire au Burkina Faso et celui qui intéresse le plus les femmes, même si elles n'y ont pas toujours accès. Convaincue que l'importance de l'accès à l'information des femmes burkinabè leur permet de prendre conscience de leurs droits et de s'instruire, l'APAC a donc lancé cette opération. Elle consiste à doter de postes de radio des groupements de femmes dans les villages grâce notamment aux financements de l'ambassade des Etats-Unis et à la sensibilisation des ressortissants de ces villages afin de collecter des fonds pour l'achat de postes de radio. Ce dipositif rencontre un fort succès auprès des populations des villages, au point même où il a dû être suspendu quelques mois pour des raisons financières.
En 2008, l'association a changé de bureau et a pu dresser un bilan de ses activités au Burkina. Selon la présidente, l'activité la plus riche de l'APAC reste “un groupement féminin, un poste radio”. Bien que cela soit financièrement difficile à assurer, l'APAC ne compte pas abandonner le projet. Pour faire changer les comportements à long terme, l'association mène beaucoup d'activités de sensibilisation pour que les femmes s'approprient les outils médiatiques et y entendent les voix de femmes. L'association participe aux opérations menées par le Ministère de la Promotion de la Femme, mène des plaidoyers pour la santé de la femme et compte organiser des sensibilisations sur l'excision et les fistules obstetricales. Enfin, l'APAC est toujours présente pour apparaître dans des débats radiophoniques et télévisés, pour s'exprimer librement sur l'image de la femme dans les médias et dans la société burkinabè.
Les activités de sensibilisation ont pour finalité un changement des comportements qui ne peut être visible que sur le long terme. Mais ce qu'il est déjà possible de remarquer, c'est que les femmes s'approprient beaucoup plus les outils médiatiques depuis que des voix de femmes s'y font entendre. Lorsqu'elles vont dans des villages, les journalistes se rendent compte que les femmes ont plus confiance en elles-mêmes et viennent prendre la parole plus facilement.
L'APAC collabore avec le réseau WILDAF (Women In Law And Development In Africa), notamment dans leur dernier projet de “Femmes et Bonne Gouvernance”. L'association travaille également avec le réseau RECIF/ONG, en se rendant sur le terrain pour assister concrètement aux actions des organisations féminines et faire des reportages sur elles. A l'été 2008, l'association espérait que le Millenium Challenge Program des Nations Unies les financerait pour de nouveaux projets.
L'APAC est aussi associée au Centre Culturel Américain, qui lui prête des locaux et des ordinateurs dans le cadre de formations en informatique.