Mme Amélie Traoré et Mme Sidonie Zongo
La très dynamique et autoritaire présidente de l'Association des Veuves et Orphelins du Burkina (AVOB), Mme Lucie Kaboré, nous a reçues au printemps 2004 au siège de l'association qui regroupe des bureaux, un atelier de couture et une école maternelle. Cette ancienne enseignante, elle-même veuve depuis 1972, a subi les pratiques que l'on réserve aux veuves burkinabé : les femmes de sa belle famille lui ont rasé la tête et ont décidé qu'elle devait épouser le frère de son mari, qui avait déjà trois épouses. Elle a pu refuser ce dernier en prenant pour époux un autre frère de son mari décédé, un tout jeune garçon de 5 ans. Comme elle le dit elle-même, cela lui a permis de respecter la tradition tout en étant "tranquille" !
Le 1er août 2007, nous avons rencontré dans ces mêmes locaux Mme Amélie Traoré, secrétaire administrative et coordinatrice des activités, ainsi que Mme Sidonie Zongo, chargée des violences faites aux femmes. En juin 2008, nous avons à nouveau rencontré Mme Amélie Traoré, pour parler de l'année passée et des évolutions au sein de l'AVOB.
Les veuves sont souvent confrontées à des difficultés qui peuvent les conduire à la marginalisation, voire à l'exclusion sociale :
Face aux nombreuses veuves démunies, Mme Kaboré a créé son association en 1974 afin de leur venir en aide. La section nationale est à Ouagadougou, mais des sous-sections sont présentes dans les communes et provinces du Burkina. L'association compte aujourd'hui près de 20.000 membres au niveau national et 22 salariés. L'adhésion coûte 1200 francs CFA et la cotisation mensuelle représente 200 francs CFA.
Les objectifs de l'association sont multiples, mais le premier d'entre eux est la défense juridique de la veuve et de l'orphelin. Pour cela, Mme Kaboré a fait traduire en mooré le Code des Personnes et de la Famille pour que les veuves connaissent leurs droits et leurs devoirs.
La fabrication du savon
L'AVOB recense également les veuves "volontaires" du Burkina, elle étudie leurs problèmes ainsi que ceux de leurs enfants à charge et favorise leur formation et leur recyclage professionnel. Une vingtaine d'activités (couture, tissage…) ont été mises en place par l'association qui assure également des séances d'alphabétisation. Ainsi l'association mène une activité de fabrication de savons, que les veuves viennent fabriquer dans les locaux et qu'elles vont vendre ensuite.
D'autre part, l'association propose aux jeunes filles trois cycles de formation en couture. Quinze jeunes filles orphelines participent à ce programme, qui est ouvert à tout le monde. La scolarité coûte 26.000 francs CFA par an. Le tissage est réalisé à domicile par manque de place au centre. Puis les produits réalisés sont exposés et vendus au centre.
Au siège social de l'association, des consultations en planification familiale sont assurées tous les jours de la semaine par une infirmière salariée de l'AVOB. Malheureusement, la gynécologue qui était présente pour assurer des consultations à un prix très bas ne vient plus à l'association.
L'AVOB est de plus très active en ce qui concerne la prévention du Sida et l'accompagnement des malades. Depuis 1998, l'association prend en charge les frais médicaux de veuves séropositives, des consultations aux médicaments, et propose également un soutien alimentaire et psychologique, à travers des visites à domicile et à l'hôpital. L'association a mis en place des groupes de parole, où les femmes atteintes de la maladie peuvent se retrouver pour partager leurs expériences et apprendre ensemble à gérer la maladie. L'AVOB apporte aussi un soutien économique à ces femmes séropositives grâce à l'octroi de petits crédits, pour qu'elles puissent continuer à mener une activité rémunératrice. A ce jour, 168 femmes et 3 hommes ont bénéficié de ce programme.
L'AVOB s'occupe aujourd'hui de mettre en place un projet de prise en charge de la scolarité et des soins médicaux d'enfants séropositifs, projet financé par l'Ambassade de France. En 2008, l'association a effectué un travail auprès d'enfants vivant dans la misère en leur offrant un goûter une fois par mois avec un espace de jeux. Médecins Sans Frontières les aide régulièrement pour des sensibilisations sur le VIH et a équipé l'AVOB d'un véhicule à cet effet.
Enfin, l'association gère une maternelle accueillant une quinzaine d'enfants. Les frais de scolarité, qui s'élèvent à 51.000 francs CFA par an, permettent de rémunérer les frais de fonctionnement.
Une des classes de maternelle de l'AVOB
L'AVOB est membre du CNLPE, de la CBDF, du réseau WILDAF et de RECIF/ONG.