RML-MGF - Réseau Malien de Lutte contre les Mutilations Génitales Féminines

La pancarte de l'association

     Nous avons rencontré le Réseau de Lutte contre les Mutilations Génitales Féminines (RML/MGF) lors de notre premier projet en janvier 2004. A cette occasion nous avions pris part à une réunion. Cette réunion était la première de l'année 2004 et son but était de dresser un bilan des formations ayant eu lieu au cours de l'année 2003.

     Pendant notre second séjour à Bamako, en août 2005, nous avons de nouveau été en contact avec le RML/MGF et avons assisté une nouvelle fois à une de leur réunion, qui avait pour thème la formation de ses membres. Il s'agissait cette fois de planifier les formations du second semestre 2005. Nous avons également donné des cours de programmation HTML à certains des adhérents au Réseau.

     En 2006, le site n'ayant pas été mis à jour, nous avons repris avec les membres du RML/MGF une formation HTML. Nous avons également assisté à l'une de leurs conférences organisée le jour de la Panafricaine.

     Ce jeune organisme (enregistré le 12 juillet 2002 au Ministère de l'Administration Territoriale) est en fait constitué d'un regroupement d'une soixantaine d'associations (AMSOPT, WILDAF, APAF...) réunies autour d'une cause commune : la lutte contre l'excision. Son but est clair : l'éradication de cette pratique.
Au niveau de l'organisation, le RML/MGF compte cinq membres permanents. Le conseil d'administration réunit quant à lui sept bénévoles.

Activités

     Le réseau est la réunion de plusieurs associations bamakoises dont l'un des objectifs est la lutte contre l'excision. Son action vise à « constituer un cadre de référence technique, pour échanger, planifier, harmoniser les stratégies et renforcer la capacité d'intervention de ses membres en vue de l'abandon de la pratique des mutilations génitales fémines ».
Pour mieux encadrer les différentes ONG membres, le RML/MGF essaie de cibler les principales difficultés auxquelles ces ONG doivent faire face pour y apporter des solutions. Le réseau cherche notamment à développer des outils qui aideront les associations dans leurs actions de sensibilisation : boite à images, Graap, techniques d'animation... Le réseau considère qu'il faut varier les supports pour faire passer le message de manière efficace. Une fois ces outils mis en place, le réseau forme les ONG à leur utilisation en organisant régulièrement des ateliers de cinq jours. Le RML/MGF travaille donc à plusieurs niveaux : confection de l'outil, multiplication, validation, distribution aux membres, et enfin explication du fonctionnement.

     Les formations organisées depuis 2004 pour ses membres ont tourné autour de quatre thèmes principaux :

  • Terminologies appropriées en matière d'éducation pour l'abandon de l'excision
  • Excision et Droits des Enfants
  • IEC (Information Education Communication) Excision
  • Recyclage en relation d'aide

     Même si l'ensemble des organisations n'a pas réussi à suivre toutes les formations, le bilan global de celles-ci est plutôt positif. Elles ont permis aux membres des diverses associations appartenant au réseau de former à leur tour les populations avec lesquelles elles étaient en contact.

Un discours adapté à chaque population

     L'une des originalités du réseau est de s'intéresser en détail à la manière dont le sujet de l'excision doit être abordé avec la population malienne. Lors de la réunion à laquelle nous avons assisté en janvier 2004, les membres du bureau ont souligné qu'ils privilégiaient l'utilisation d'un vocabulaire technique et précis, mais aussi adapté aux publics des causeries-débats qu'ils organisent. L'usage d'une terminologie scientifique permet de « démystifier la conspiration autour de l'excision » qui ne tient que lorsque l'on maintient les populations dans l'ignorance.

     Le RML/MGF a de ce fait effectué tout un travail de recherche sur les outils pédagogiques à mettre en place et à utiliser au cours des causeries-débats sur l'excision organisées par les associations dans les différents quartiers de Bamako.
Par ailleurs, les formatrices ont fait remarquer que les terminologies employées au cours des formations ne concernaient que la région de Bamako et qu'il fallait savoir s'adapter aux différents langages employés dans les différentes régions maliennes. Il faut donc oser demander aux gens « comment ils appellent les choses », comment eux parlent de l'excision.

     Le réseau a eu une idée originale pour lutter contre l'excision : il a enregistré une chanson en Bambara qui parle de l'excision et espère ainsi toucher un très large public ; dans cette chanson, une ancienne exciseuse raconte comment ses souvenirs, notamment ceux des cris des fillettes, l'empêchent aujourd'hui de dormir. La chanson a été enregistrée pendant l'été 2005 et le RML/MGF espère la diffuser dès la rentrée.

Financements

     En 2004, le RML/MGF faisait face à de graves difficultés financières et d'organisation : il avait du mal à trouver des bailleurs de fonds et ne disposait ni d'un local, ni d'un ordinateur. Les réunions se tenaient dans le centre Djoliba.

     En 2005, la situation s'est améliorée : un local flambant neuf dans le quartier d'ACI 2000 et deux ordinateurs ! De plus, l'association perçoit des aides financières de l'Etat Malien, d'organisations internationales comme l'UNICEF, et de donateurs privés comme Iamaneh Suisse et l'Eglise norvégienne.

     En 2006, les membres du réseau nous ont tout de même confié qu'ils étaient toujours à la recherche de financements pour mener à bien leurs projets.

Une évolution rapide depuis 2006

      Depuis quelques années, le RML/MGF a mis en place des cessions de plaidoirie auprès des décideurs de cinq des provinces maliennes afin de mener à bien un projet qui leur tient profondément à cœur : faire adopter une loi contre l'excision. Les conseils régionaux, directions régionales de la santé, de la promotion féminine et de l'éducation étaient ainsi invités à des séances de sensibilisation. Ces personnes haut placées étaient alors informées des méfaits de l'excision notamment à travers la projection d'images de femmes mutilées. Une pétition a ensuite été réalisée et toutes les personnes présentes lors de ces plaidoyers l'ont signée, afin que la loi soit adoptée. Ce projet d'envergure nationale a beaucoup contribué à la nouvelle image du réseau dont le rayonnement a considérablement augmenté. En août 2008, la présidente du réseau participait à une conférence sur les MGF au Bénin et en septembre 2008 une délégation de membres du réseau va partir au Burkina Faso afin de réaliser une étude comparative avec ce pays qui a réussi à faire passer une loi contre l'excision.

     De nouveaux projets sont aussi à l'ordre du jour. Le RML/MGF souhaite créer un noyau de formateurs afin de pouvoir apporter un soutien aux associations du réseau quant à la qualité de leurs sensibilisations et leur approche des différentes communautés. Enfin, la loi contre l'excision a de bonnes chances d'être adoptée en 2009, ce qui serait un aboutissement et une reconnaissance de l'action de l'association.

Cette page a été réalisée par les membres de l'association Courants de Femmes.