Les membres de COSEPRAT
En février 2006 nous avons rencontré Mariama Sidibé dans le local du Comité, situé dans la maison même de la présidente à HLM 6, une banlieue de Dakar. Nous y sommes retournés en juillet 2009 où nous étions reçus par la nouvelle présidente Mme Magatte Si Gueye et tois autres membres. Nous avons également formé la secrétaire Thérèse au blog.
L'association possède des cellules à Tambacounda et Kolda, les capitales de régions où l'excision est très pratiquée.
C'est à la suite d'une conférence tenue à Dakar en 1984, réunissant en un Comité Inter-regional Africain (CIAF - Voir le CIAF - Bénin, un autre partenaire de Courants de Femmes) les associations travaillant sur le thème des mutilations sexuelles, que Mme Sidibé a créé le COSEPRAT. A l'époque, Mme Sidibé faisait partie de la FAFS (Fédération des Associations de Femmes Sénégalaises) et représentait l'Association Nationale des Sages Femmes d'Etat. Elle créa le COSEPRAT pour assurer le relais national du travail du CIAF dont elle est l'actuelle vice-présidente. Après le décès de Mme Sidibé, Mme Magatte Si Guye a pris la relève à la tête de l'association.
Malgré son interdiction légale en 2000 l'excision continue à être pratiquée surtout dans les régions reculées du Sénégal. Les estimations officielles comptent jusqu'à 80% d'excisées dans la région de Tambacounda, 70% à Kolda, 40% dans la région de Mbour, et jusqu'à 30% à Guédiawaye, une banlieue de Dakar. A l'échelle nationale, les statistiques officielles comptent environ 27% d'excisées au Sénégal. La clandestinité rend ce chiffre peu fiable, cependant, il donne une idée de la place du Sénégal dans la région : le Mali compte plus de 90% de femmes excisées.
Modèle d'infibulation utilisé pour les sensibilisations
Mme Sidibé déplore l'application timide de la loi interdisant l'excision. Le sujet reste très tabou et la pratique est défendue par de nombreuses autorités religieuses et des exciseuses elles-mêmes. Les exciseuses détiennent en effet un pouvoir social considérable : les filles qu'elles excisent leur sont redevables pour le restant de leurs jours, et la pratique de l'excision permet donc aux exciseuses de s'enrichir. La pratique proviendrait, selon Mme Sidibé, de la région de l'actuel Soudan au 5ème siècle avant J.C. C'est effectivement en Afrique de l'Est que la plupart des formes de mutilation sexuelle sont pratiquées. Au soudan, en Ethiopie, en Somalie, au Djibouti et en Erythrée, les femmes sont infibulées (l'integralité des organies génitaux externes est coupée et la zone est recousue jusqu'à l'âge du mariage ou la cicatrice est rouverte).
Bien que les formes de mutilations sexuelles pratiquées en Afrique de l'Ouest sont moins radicales que celles de l'Est du continent, elles ne sont pas moins dangereuses et entraînent tout autant de complications sanitaires (surtout au moment de l'accouchement) et des conséquences psychologiques.
L'UNICEF est le seul organisme qui verse des financements réguliers au COSEPRAT.
Les autres organismes ayant versé des fonds à l'association sont :
Vulgariser les textes juridiques (concernant les pratiques traditionnelles) dans les langues nationales;
Assurer le suivi des efforts réalisés surtout dans les régions où il y a encore des poches de résistance (la région de Kolda notamment);
Trouver des financements pour permettre à l'association de poursuivre sa mission.